Goma sous le joug : l'ombre pesante du M23/AFC s'étend sur Ndosho
Un vent de panique souffle sur Ndosho, quartier névralgique de Goma, ce samedi matin. L'aube a dévoilé une démonstration de force inquiétante : une concentration inhabituelle de combattants du M23/AFC, cette rébellion dont les liens avec l'armée rwandaise ne font plus mystère. La vie s'est figée, les habitants cloîtrés, tandis que la ville retient son souffle face à cette présence menaçante.
À peine le soleil s'est-il levé sur Goma ce samedi 12 avril 2025 que le quartier de Ndosho, niché au cœur de la commune de karisimbi, s'est retrouvé pris d'une étrange fièvre. Des silhouettes armées, celles des rebelles du M23/AFC, ont convergé en nombre, leur présence massive irradiant une angoisse palpable au sein d'une population déjà fragilisée par des années de conflit. L'onde de choc a rapidement atteint les ondes de la radio locale Elle FM, dont les reportages décrivent une atmosphère lourde, presque suffocante, où le pouls habituel de la vie communautaire s'est dangereusement ralenti.
Un habitant, tapi dans sa demeure, a confié le climat de terreur qui s'est abattu sur le quartier. Les artères de ndosho, habituellement animées, sont désormais des zones grises, leurs entrées et sorties soumises à un contrôle tatillon. Le "salongo", cette tradition de labeur collectif hebdomadaire, a été mis sous cloche, tout comme les rires des enfants qui résonnent habituellement sur les chemins de l'école. « Je suis dans la maison, personne ne bouge. Nous entendons des hommes armés arriver en masse. Personne ne fait le salongo et les enfants ne vont pas à l’école », a-t-il murmuré à des confrères, sa voix trahissant l'inquiétude ambiante.
Paradoxalement, aucun coup de feu n'a déchiré le silence, mais cette absence de bruit ne fait qu'épaissir l'atmosphère oppressante, loin de toute promesse de retour à la normale.
Face à cette urgence et à la montée des peurs, Julien Katembo Ndalieni, le maire de Goma désigné par les autorités de facto de l'AFC/M23, a tenté une manœuvre d'apaisement via un communiqué officiel. Ses mots, cependant, peinent à dissiper l'ombre qui plane sur ndosho : « la situation est revenue à la normale à ndosho et mugunga, après des tentatives de perturbation de la paix par des éléments des FARDC. »
Il est crucial de rappeler que ndosho n'est pas un quartier anodin dans le tissu urbain de goma. Sa position stratégique en fait un point névralgique, exacerbant les craintes face à cette démonstration de force rebelle. La nuit précédente avait déjà été le théâtre de violents échanges de tirs dans plusieurs secteurs de la ville – lac vert, kyeshero, mugunga, jusqu'aux portes du territoire de nyiragongo. Les premières détonations, vers 22h vendredi, avaient plongé goma dans une nuit d'insomnie et d'appréhension.
Alors que le jour progresse lentement, les Gomatraciens vivent dans une expectative anxieuse, leurs regards rivés sur la rue, espérant une accalmie véritable, un retour à un semblant de normalité dans une cité dont les cicatrices du conflit sont encore vives.
Obed Léon Luwaba.
