Crise RDC-Rwanda : Kigali dénonce un “cinéma politique” après l’appel à la paix de Félix Tshisekedi
Le ton est monté entre Kinshasa et Kigali après le discours du président congolais Félix Tshisekedi au Global Gateway Forum 2025, organisé par l’Union européenne à Bruxelles.
Alors que le chef de l’État congolais appelait son homologue rwandais Paul Kagame à “faire la paix des braves”, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a vivement réagi jeudi soir, dénonçant ce qu’il qualifie de “cinéma politique”.
« Le président Tshisekedi a détourné un forum de coopération pour en faire une tribune d’accusation », a déclaré le diplomate rwandais, estimant que le sommet européen devait rester “une réunion axée sur la coopération, la paix et le consensus”, et non une plateforme pour évoquer le conflit armé dans l’est de la RDC.
Selon M. Nduhungirehe, Paul Kagame, qui était intervenu avant Félix Tshisekedi, s’était concentré sur les “projets concrets” de partenariat entre l’Union européenne et l’Afrique, notamment la construction de l’usine de vaccins BioNTech inaugurée à Kigali en décembre 2023 grâce au soutien de l’Union européenne.
Le chef de la diplomatie rwandaise accuse Félix Tshisekedi d’avoir “profité de cette tribune internationale” pour prononcer “un discours agressif à usage interne”.
« La question de la RDC est déjà traitée à Washington et à Doha. Ce forum n’était ni le lieu ni le moment », a-t-il ajouté.
Réagissant aux propos du président congolais, qui affirmait n’avoir “jamais été belliqueux” envers ses voisins, Olivier Nduhungirehe a riposté sans détour :
« C’est faux et archi-faux », a-t-il martelé, accusant Félix Tshisekedi d’avoir, lors de la campagne électorale de 2023, “menacé de bombarder Kigali à partir de Goma”, “envoyé des soldats sur le territoire rwandais” et “recruté des mercenaires roumains, remplacés ensuite par des mercenaires colombiens”.
Le diplomate rwandais reproche également au président congolais de s’être allié aux milices Wazalendo, qu’il accuse de propager “des discours de haine contre les Banyamulenge”.
Sur le plan diplomatique, le ministre rwandais a rappelé que la RDC et le Rwanda avaient signé un accord de paix à Washington le 27 juin dernier, dont Kinshasa serait aujourd’hui, selon lui, le principal contrevenant.
« Ce sont les forces congolaises qui ont bombardé les positions de l’AFC/M23 et certains villages banyamulenge au Sud-Kivu, en violation du cessez-le-feu », a-t-il accusé.
M. Nduhungirehe est également revenu sur le sommet de Luanda de décembre 2024, affirmant avoir passé “près de neuf heures de négociation” avec la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner. Il déplore que Kinshasa ait “refusé catégoriquement toute idée de dialogue direct avec le M23” avant d’“accepter finalement les discussions de Doha”.
Enfin, il a accusé le président Tshisekedi “d’avoir ordonné à sa délégation à Washington de ne pas signer le cadre régional d’intégration économique”, pourtant négocié “mot par mot” entre les parties.
« Le président Tshisekedi ne peut pas venir à Bruxelles, la main sur le cœur, faire semblant de tendre la main au président Kagame alors que c’est lui qui viole les accords existants », a conclu Olivier Nduhungirehe.
« Ce qu’il a fait, c’est du cinéma politique, avec des mensonges et un cynisme inacceptables pour un chef d’État. »
Gracieux Bazege
