Guerre à l’Est : Patrick Muyaya plaide pour une information encadrée et responsable
Alors que la situation sécuritaire reste tendue dans l’Est de la République démocratique du Congo, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a défendu une régulation accrue de l’information en temps de crise. Invité de l’émission Face à Face sur Top Congo FM, jeudi 1er mai, il a affirmé que « certaines règles doivent s’appliquer aux médias » pour préserver la sécurité nationale.
Face à la complexité des conflits, notamment celui impliquant le M23, Patrick Muyaya a estimé que les médias ont un rôle à jouer dans la préservation de la cohésion sociale. « En temps de guerre, il y a des impératifs sécuritaires qui imposent une certaine rigueur dans la diffusion de l’information », a-t-il déclaré, tout en rappelant que cette rigueur ne devait pas être confondue avec la censure.
Le ministre a notamment évoqué la suspension d’accréditation de certaines chaînes étrangères, dont Al Jazeera. Une décision qu’il assume pleinement : « J’ai écrit au CSAC que j’avais annulé les accréditations d’Al Jazeera… parce qu’ils ont fait l’apologie du terrorisme en donnant la parole à un groupe que nous considérons comme terroriste. »
Concernant la couverture du conflit par les médias internationaux, Patrick Muyaya a pointé du doigt Radio France Internationale (RFI), soulignant une contradiction : « RFI ne donne pas la parole aux responsables du M23, mais continue de relayer leurs actions. » Pour lui, cette ligne éditoriale entretient une forme de déséquilibre préjudiciable.
Le ministre s’en est également pris à l’ancien président Joseph Kabila, critiquant ses récentes déclarations : « Je ne suis pas sûr que dans ce que j’ai lu de sa première sortie, c’était le choix de la paix qu’il avait fait. » Un tacle politique clair, adressé à ceux qui, selon lui, devraient incarner une position constructive dans un contexte aussi sensible.
Patrick Muyaya a insisté sur la nécessité de « nommer le mal » afin de poser les bases d’une paix durable. « Le Congo est agressé. Si on veut la paix, il faut poser les bons diagnostics », a-t-il martelé, dénonçant aussi certains discours ambigus tenus par des figures de l’opposition et des leaders religieux.
Sur le plan diplomatique, il s’est montré mesuré quant aux attentes autour des négociations impliquant le Togo, le Rwanda et la RDC. « Il y a une réunion élargie… mais l’objectif reste unique : la paix », a-t-il précisé, appelant à ne pas céder à des illusions sur un accord miracle attendu pour le 2 mai.
Le ministre a également souligné l’importance des réformes administratives pour accompagner le développement. Il a salué le partenariat stratégique avec les États-Unis, soulignant que « ce n’est pas simplement une question d’investissements, mais d’avoir des administrations outillées ».
Dans un contexte tendu, Patrick Muyaya appelle ainsi à une information responsable, alignée sur les enjeux de souveraineté et de stabilité nationale. Une posture qui alimente le débat sur la liberté de la presse en période de crise sécuritaire.
Siméon Tuendele
