Crise à l’Est : Intégrité en danger, diplomatie au bord du gouffre: L'Angola tire la sonnette d'alarme à l'ONU
Devant un Conseil de Sécurité des Nations Unies captivé par la spirale infernale dans l'Est de la RDC, l'Angola a élevé la voix, peignant un tableau sombre d'une intégrité territoriale menacée et d'efforts diplomatiques vacillants face à l'inexorable avancée du M23.
Le 16 avril à New York, la salle du Conseil de Sécurité des Nations Unies a vibré au son de l'alerte lancée par l'Angola. Face à la crise persistante qui consume la région des Grands Lacs, le ministre angolais des Affaires étrangères n'a pas mâché ses mots, décrivant une situation en République démocratique du Congo où la sécurité et l'humanitaire se détériorent à une vitesse alarmante.
« En ce qui concerne la République démocratique du Congo, nous exprimons notre profonde préoccupation face à la détérioration continue de la sécurité et de la situation humanitaire à l’est de ce pays », a-t-il déclaré, son ton empreint d'une gravité palpable.
L'ombre grandissante du M23 planait au-dessus des discussions. L'occupation de villes emblématiques telles que Goma et Bukavu, loin d'être des incidents isolés, a été présentée comme une atteinte directe à la souveraineté de la RDC. Plus inquiétant encore, la progression continue de ces forces rebelles vers de nouveaux territoires a été dénoncée comme un facteur d'escalade majeur, aux conséquences humanitaires potentiellement cataclysmiques pour des populations déjà exsangues après des années de conflit.
L'Angola n'a pas hésité à souligner que cette dynamique pernicieuse sapait les fondations mêmes des initiatives diplomatiques en cours, fragilisant les processus de médiation patiemment mis en place.
Pourtant, dans ce paysage désolant, une lueur d'espoir a été brièvement évoquée. L'Angola a salué les efforts régionaux déployés pour conjurer le chaos.
La coordination des actions entreprises par la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est a été perçue comme une démarche constructive, une tentative louable de trouver une solution africaine à une crise africaine, en synergie avec d'autres acteurs internationaux engagés.
Cependant, l'évocation du rôle passé de l'Angola dans la recherche de la paix a teinté d'amertume le discours. Le processus de Luanda, porté initialement par le président angolais João Lourenço, a buté sur des obstacles majeurs. L'échec à réunir autour d'une même table les présidents congolais et rwandais pour sceller un accord en décembre dernier, suivi de l'impossibilité de convoquer une rencontre entre le gouvernement de Kinshasa et l'AFC/M23 en mars, ont finalement conduit l'Angola à jeter l'éponge, passant le relais de la médiation au président togolais.
Cette historique récente, loin d'être anodine, met en lumière la complexité labyrinthique et la fragilité désespérante des tentatives de résolution pacifique face à une crise qui, jour après jour, semble s'enfoncer davantage dans l'abîme.
Guy Mafuta
