Crise sécuritaire à l’Est : Plus d’un million d’enfants privés d’éducation en RDC
La situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo continue de se détériorer, impactant gravement l’éducation des enfants. Le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté alerte sur une crise sans précédent qui met en péril l’avenir de toute une génération.
Les chiffres sont alarmants : 2 594 écoles ont fermé leurs portes, dont 1 483 au Nord-Kivu et 1 111 au Sud-Kivu, affectant directement 1 108 962 élèves. De nombreuses infrastructures scolaires ont été détruites par des bombardements, transformées en bases militaires par des groupes armés ou abandonnées par crainte des violences. La présence d’engins explosifs dans certaines écoles constitue une menace supplémentaire pour les élèves et les enseignants.
Dans un cas particulièrement choquant, une école a même été convertie en cimetière, illustrant l’ampleur du désastre. Cette situation souligne non seulement les conséquences humanitaires du conflit, mais aussi la violation du droit fondamental à l’éducation.
À Goma, l’insécurité croissante affecte profondément le secteur éducatif. La peur et l’incertitude dominent, alors que des cas de recrutement forcé d’élèves par le M23 et l’armée rwandaise ont été signalés. Cette menace constante empêche les enfants d’accéder sereinement aux salles de classe et plonge les familles dans l’angoisse d’une reprise scolaire impossible. L’atmosphère pesante et la psychose ambiante entravent toute tentative de normalisation du système éducatif, alors que la ville demeure un point névralgique du conflit.
Face à cette crise, le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté a mis en place un comité de crise en collaboration avec ses partenaires techniques et humanitaires. Cette structure vise à centraliser et diffuser les données officielles sur l’impact du conflit sur l’éducation, tout en coordonnant des actions pour limiter les dégâts. Un programme d’éducation d’urgence a été lancé, incluant l’enseignement à distance et des mesures spéciales pour l’organisation des évaluations certificatives. Par ailleurs, des kits scolaires et des fournitures sont prévus pour soutenir les élèves les plus vulnérables.
Le ministère rappelle que l’éducation est un droit fondamental et que sa destruction systématique constitue un crime contre l’avenir du pays. Il appelle à une mobilisation nationale et internationale pour protéger les écoles et garantir aux enfants congolais un accès sécurisé à l’éducation. La crise sécuritaire qui frappe l’est du pays ne se limite plus aux pertes humaines et aux déplacements massifs de populations. Elle touche désormais l’avenir des jeunes générations, menaçant de les priver des outils nécessaires pour reconstruire un jour un Congo en paix.
Gracieux Bazege
