La RDC dévoile l'horreur des crimes de guerre à Goma et Bukavu et exige justice

Le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, a procédé ce mardi à la présentation solennelle d'un document d'analyse accablant, détaillant les crimes graves et massifs perpétrés par les forces du RDF-M23 lors de la prise et de l'occupation de Goma et Bukavu, entre janvier et avril 2025. La cérémonie, qui s'est tenue au Musée national de la RDC à Kinshasa, était placée sous le Haut Patronage du Président de la République, Chef de l'État et Président du Comité de Pilotage.
L'événement a réuni d'éminentes personnalités, dont le Professeur Ntumba Luaba Lumu, Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba, hôte de l'activité. Étaient également présents le Vice-Premier Ministre, Ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, Jacquemain Shabani Lokoo, le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants, Guy Kabombo Mwadiamvita, la Ministre des Droits Humains, Chantal Chambu Mwavita, ainsi que plusieurs conseillers principaux du Chef de l'État.
Dans son allocution poignante, le Ministre Muyaya a souligné la nécessité d'une vigilance accrue face à la situation dans l'Est du pays. "Nous sommes dans un contexte où nous devons rester vigilants", a-t-il affirmé, décrivant une "gouvernance par crime" dans les zones sous occupation. "Il ne se passe aucun jour sans que l'on ait des rapports de crimes commis contre des femmes, des crimes commis contre des enfants, des crimes commis contre des patients dans des hôpitaux", a dénoncé le Porte-parole du gouvernement, insistant sur le caractère systématique des atrocités.
Le document présenté, fruit du travail du Professeur Ntumba Luaba et de son équipe, recense des horreurs inimaginables. Il détaille notamment des attaques ciblées contre des camps de déplacés, la transformation d'écoles en cimetières, et le recrutement ou l'enlèvement systématique d'enfants pour servir les besoins des agresseurs. La Ministre d'État, Ministre de l'Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté avait précédemment révélé, lors d'un briefing le 4 mars dernier, que 2 599 écoles avaient été affectées, laissant plus d'un million d'élèves déscolarisés.
Le Ministre Patrick Muyaya a lancé un appel vibrant à tous les Congolais, au pays comme dans la diaspora, pour qu'ils maintiennent une vigilance continue. Il a souligné que le gouvernement, avec le soutien de partenaires fiables, est entré dans une "phase d'atterrissage" d'un conflit qui dure depuis plus de 30 ans, marqué par des récurrences et des habitudes de pillage.
"L'essentiel, c'est ce que nous ne devons pas oublier", a martelé le ministre, insistant sur l'importance de la justice. "Nous parlons beaucoup de paix, mais on ne parle pas toujours de justice. Il y a dans cet ouvrage un point qui est consacré sur la redevabilité. Parce que finalement, si nous pensons que nous pouvons continuellement sacrifier la justice au profit de la paix, nous ne serons pas en mesure de créer des conditions de non-répétition de ces crimes."
Le Porte-parole du gouvernement a également souhaité que le monde entier s'intéresse aux atrocités et aux pillages orchestrés par le Rwanda et ses supplétifs dans le Parc National des Virunga, un patrimoine mondial de l'UNESCO.
"On n'en parle pas beaucoup, mais Virunga a été l'épicentre même de la violence", a-t-il regretté, soulignant les destructions massives et les investissements colossaux de l'ordre de centaines de millions de dollars qui seraient nécessaires pour restaurer le parc à son état antérieur. Le temps du silence est révolu, a-t-il affirmé, plaidant pour que justice soit faite pour chaque acte négatif.
Le document, d'une centaine de pages, est destiné à servir de référence pour les avocats et les défenseurs des droits humains.
Le ministre Patrick Muyaya a révélé la présence actuelle à Kinshasa d'une délégation de Genève en mission d'établissement de faits, obtenue grâce au plaidoyer du gouvernement et de la ministre des droits humains. Cette mission, qui devrait devenir une commission d'investigation en septembre prochain, trouvera dans ce document un travail précieux pour appréhender l'ampleur des crimes commis.
Le gouvernement de la RDC nourrit l'espoir que ces efforts combinés aux enquêtes de l'Auditorat au niveau national et de la Cour Pénale Internationale permettront de rendre justice aux victimes. "Les plus malins n'ont pas ratifié les statuts de Rome, mais parce qu'il y a toujours des supplétifs, ceux qui sont complices de ces actes, je pense que nous avons ici la possibilité de nous dire que tôt ou tard, le temps de la justice va arriver", a déclaré Patrick Muyaya avec détermination.
Pour le ministre, la meilleure consolation pour les familles des victimes, au-delà de tous les programmes de soutien du gouvernement, sera de voir les bourreaux répondre de leurs actes devant la justice.
Cette présentation marque une étape cruciale dans la documentation des crimes et la mobilisation pour la redevabilité, offrant un aperçu détaillé des moments d'horreur vécus et subis par la population congolaise dans les zones occupées.
Gracieux Bazege