Appel à la mobilisation après l’adoption de la Résolution 2773 condamnant l’agression rwandaise
Le Coordonnateur du Mécanisme national de suivi (MNS), le Professeur Ntumba Luaba, a exhorté ce lundi 10 mars les Congolais à se mobiliser pour la mise en œuvre de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, condamnant l’offensive du M23 et de l’armée rwandaise. Il appelle à une prise en charge nationale plutôt que d’attendre l’intervention des partenaires extérieurs.
« Nous devons sortir de cette approche attentiste et nous interroger sur la portée de la Résolution 2773, qui marque une avancée majeure. Elle a été suivie de sanctions de plusieurs pays européens, autrefois réticents à prendre position », a déclaré le Professeur Ntumba Luaba à l’issue d’un échange avec Wang Xyu, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs.
Il a insisté sur la nécessité pour les Congolais d’exploiter cette résolution avant de solliciter l’aide extérieure. « Avec cet instrument en main, nous devons d’abord déterminer quelles mesures internes adopter, puis envisager une mobilisation internationale », a-t-il souligné.
Pour la première fois, le Rwanda est nommément condamné par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. « Avant, on parlait d’un "autre pays", aujourd’hui, c’est le Rwanda qui est cité. Des sanctions sont prêtes et il est exigé le retrait de ses troupes. Vous, les médias, avez un rôle clé dans la sensibilisation de la population, et la société civile doit se mobiliser », a insisté le coordonnateur du MNS.
Il a également appelé les structures gouvernementales à se concerter pour une mise en œuvre efficace de la résolution.
Le Professeur Ntumba Luaba a évoqué ses discussions avec Wang Xyu, qui portent notamment sur l’évaluation de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région des Grands Lacs. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération dans la région, signé à Addis-Abeba.
Il a salué la contribution de plusieurs acteurs, dont la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Wagner Kayikwamba, et la représentante spéciale de l’ONU en RDC, Bintou Keita, dans l’adoption de la Résolution 2773.
Le Coordonnateur du MNS a dénoncé la violation par le Rwanda de tous les engagements régionaux contenus dans l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba.
« Le Rwanda a outrepassé toutes les interdictions, notamment celles d’intervenir dans les affaires internes d’un autre pays ou de soutenir un groupe rebelle. Cette fois-ci, ce n’est plus seulement un soutien : l’armée rwandaise est directement intervenue sur le territoire congolais, facilitant la prise de Goma », a-t-il affirmé.
Il a également souligné les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les forces rwandaises et le M23, insistant sur la nécessité de documenter ces exactions pour qu’elles soient sanctionnées.
Le Professeur Ntumba Luaba estime que le contexte est propice à la convocation d’une réunion d’urgence de la quadripartite SADC-CIRGL-EAC-CEEAC, ainsi qu’à celle du Mécanisme régional de Suivi (ROM) de l’Accord-Cadre.
« Le fait qu’un pays voisin préside actuellement l’Union africaine et qu’un nouveau président de la Commission de l’Union africaine soit en poste constitue une opportunité pour organiser rapidement cette réunion. Il est impératif que les chefs d’État et de gouvernement se réunissent pour adopter des mesures concrètes », a-t-il expliqué.
Il plaide pour que l’Accord-Cadre inclue désormais un mécanisme de redevabilité et des mesures contraignantes contre les pays signataires qui ne respecteraient pas leurs engagements.
L’appel du Coordonnateur du MNS souligne l’importance d’une mobilisation nationale et régionale pour concrétiser les avancées diplomatiques obtenues grâce à la Résolution 2773. Il s’agit désormais de traduire cette victoire politique en actions concrètes pour restaurer la paix et la souveraineté en République démocratique du Congo.
Rémy Mbuyi
