Nord-Kivu : le retour à haut risque des déplacés, une bombe sanitaire à retardement ?

Après la prise de Goma par le M23 fin janvier, un flot de déplacés a quitté les camps de fortune pour retrouver leurs villages. Un retour qui sonne comme une victoire pour certains, mais qui se transforme en cauchemar sanitaire pour d'autres. À Sake, à l'ouest de Goma, le choléra s'est installé, frappant des populations déjà fragilisées.

Des villages fantômes, une eau souillée : le cocktail explosif

Imaginez : vous quittez un camp surpeuplé pour retrouver votre maison. Mais celle-ci n'est plus qu'un tas de ruines. Les champs ? Ravagés. L'eau potable ? Un luxe. C'est le quotidien des déplacés de retour. « Tout est détruit, même les installations sanitaires. Les gens boivent n'importe quelle eau, et tombent malades », déplore Munguiko, ancien responsable d'un camp.

À Sake, le choléra a fait plus de 270 victimes. Les centres de santé, déjà débordés, sont au bord de l'implosion. « On est passé de 30 à 150 patients par jour ! Sans MSF, on serait perdus », témoigne un infirmier. Mais l'aide humanitaire est un parcours du combattant. L'aéroport est fermé, les médicaments bloqués. MSF tire la sonnette d'alarme : « Il faut un couloir humanitaire et plus d'aide pour l'eau et la nourriture ».

Ces retours ne sont pas toujours un choix. Pour beaucoup, c'est une obligation imposée par le M23, qui ne veut plus de camps à Goma. Les déplacés retrouvent des villages où l'insécurité règne, sans toit ni ressources. « Ma maison a brûlé, je suis obligé de rester dans un camp », raconte l'un d'eux.

Alors que le retour se poursuit, la catastrophe humanitaire menace. Le Nord-Kivu, déjà meurtri, a besoin d'une mobilisation d'urgence.

Gracieux Bazege