Patrick Muyaya: « Une nation qui laisse ses jeunes sans voix est une nation qui creuse sa propre tombe »

Le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a lancé un appel appuyé à l’endroit de la jeunesse congolaise. Ce jeudi 31 juillet, lors d’une conférence-débat organisée à l’Université des Sciences de l’Information et de la Communication (Unisic), à Kinshasa,  Patrick Muyaya a souligné l’importance du rôle des jeunes dans la construction d’une paix durable à l’Est de la République démocratique du Congo, où les conflits persistent depuis des décennies.

Insistant sur la nécessité d’un processus de paix fondé sur la justice, Patrick Muyaya a tenu à rappeler que la quête de stabilité avec le Rwanda ne saurait se faire au détriment de la mémoire collective ni de l’obligation de rendre justice.

« Même si nous avons des discussions qui doivent permettre d’aboutir à un accord de paix, ne vous y trompez pas : nous ne parviendrons pas à la paix au détriment de la justice […] Nous allons continuer, y compris sur ces fronts », a-t-il déclaré devant un auditoire d’étudiants et de toute la Communauté scientifique.

À ces « historiens du présent en formation », comme il les a nommés, le ministre a confié la mission de devenir les vecteurs de vérité et de mémoire dans un pays marqué par les souffrances. Il estime que la justice est le socle sur lequel pourra s’ériger une paix véritable. « Lorsque nous aurons rendu justice, alors seulement, nous aurons la garantie que cette paix tiendra », a insisté Patrick Muyaya, dénonçant par ailleurs « une guerre imposée par un voisin qui instrumentalise le prétexte de sécurité depuis 1994 pour maintenir son influence sur le Kivu ».

Dans le même élan, la ministre Noëlla Ayeganagato, également présente à cette conférence, a invité les jeunes à s’approprier l’accord de Washington et à en vulgariser les termes au sein de la société congolaise. Elle a également mis en garde contre les discours de haine qui, selon elle, minent les efforts de paix et d’unité nationale.

De son côté, le professeur Jean-Chrétien Ekambo a enrichi le débat en appelant les jeunes à une conscience historique et à une préparation active de l’après-conflit. Pour lui, l’enseignement de l’histoire doit armer la jeunesse pour « ce qui viendra après la guerre », dans une perspective de reconstruction nationale.

En guise de conclusion, Patrick Muyaya a lancé une exhortation poignante aux jeunes congolais, les plaçant au cœur de la dynamique nationale : « La République vous regarde. Elle attend vos voix, elle attend vos récits, elle attend vos combats. Et que personne ne vous dise que votre parole ne compte pas. Car une nation qui laisse ses jeunes sans voix est une nation qui creuse sa propre tombe. »

Siméon Tuendele