Protocole UE-Rwanda : Denis Mukwege critique le cynisme géostratégique
<p>La signature de l'accord entre l'UE et le Rwanda le 19 février dernier, visant à promouvoir le développement de chaînes de valeur durables, suscite des inquiétudes parmi les Congolais. Ces derniers se sentent léser par cette initiative de leur partenaire, malgré sa connaissance des actions agressives du M23, soutenu par le Rwanda selon divers rapports […]</p>
La signature de l'accord entre l'UE et le Rwanda le 19 février dernier, visant à promouvoir le développement de chaînes de valeur durables, suscite des inquiétudes parmi les Congolais. Ces derniers se sentent léser par cette initiative de leur partenaire, malgré sa connaissance des actions agressives du M23, soutenu par le Rwanda selon divers rapports internationaux et nationaux, dont celui de la MONUSCO.
Sur ses comptes officiels, X et Facebook, le Candidat malheureux à la présidentielle de 2023 et prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, a critiqué l'Union européenne. Il l'accuse de se livrer à une politique à deux vitesses qui nuit à la crédibilité des institutions internationales.
«Avec le protocole signé le 19 Février entre l'Union européenne et le Rwanda pour favoriser le développement de chaînes de valeur “durable” et résilience pour les matières premières, aussi appelés minerais des conflits ou du sang, l'exécutif européen atteint non seulement le paroxysme du cynisme en matière géostratégique, mais s'illustre à nouveau dans une politique de double standard qui mine la crédibilité des institutions internationales», a écrit Denis Mukwege
D'après le prix Nobel de Paix, «le conflit qui perdure à l'Est de la RDC depuis presque 30 ans, qui est le plus meurtrier depuis la 2 ème guerre mondiale, est principalement économique, et le lien entre l'exploitation et le commerce illégal minerais est reconnu comme une cause profonde de la violence des droits humains, et l'implication du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC, et le pillage des ressources naturelles et minières et la commission des crimes les plus graves, notamment le recours aux violences sexuelles comme méthode de guerre et comme stratégie de terreur, est largement documenté, notamment par les Nations-Unies», a-t-il écrit.
Et de poursuivre,
«Alors que la Crise sécuritaire et humanitaire qui se vit dans les Kivus s'est encore sérieusement aggravée depuis la résurgence du groupe armé M23, qui opère de concert avec le soutien direct de l'armée rwandaise dans le cadre d'une énième guerre d'agression et d'occupation sur le territoire Congolais, la population de la Commission européenne et le renforcement de ce partenariat stratégique avec le régime dictatorial de Kigali apparaît en totale contradiction avec le principe de cohérence et les valeurs fondamentales de l'UE, notamment la promotion de la Paix et des droits humains, qui devraient être, conformément aux traités européens, des objectifs fondamentaux dans ses relations extérieures», a ajouté Le prix Nobel de la Paix
«c'est dans ce contexte que nous réitérons notre appel lancé à Strasbourg en 2024 à l'occasion de la remise du prix Sakharov du parlement européen pour la liberté de pensée de “veiller à assurer davantage de cohérence entre les politiques économiques et le respect des humains, et à placer la dignité humaine au centre des préoccupations économique et financières” et exhortonts les institutions et les pays européens à rendre effectif et contraignant les règlements de l'UE sur le devoir de diligence pour les chaines d'approvisionnement des minerais, entré en vigueur en 2021et pourtant largement détourné par des filières opaques d'approvisionnement transfrontalier entre la RDC et le Rwanda», a suggéré Denis Mukwege.
«A défaut, la transition énergétique dite verte et propre restera rouge du sange des femmes et des enfants congolais et salie par les activités criminelles des groupes armés. Nous aspirons a ce que les citoyens
europenns épris de Paix et de justice sociale entendent cet appel et changent le cap lors des prochaines élections en juin 2024», a écrit Mukwege.
À notre que dans un communiqué diffusé le mercredi 21 février, le gouvernement congolais a vivement critiqué l'accord entre le Rwanda et l'UE. De plus, Kinshasa a sollicité des clarifications de la part de ses partenaires européens.
Ruben Muteba