RDC : L’élection du président de la Cour constitutionnelle cristallise les tensions internes

À quelques jours de l’échéance cruciale pour la plus haute juridiction du pays, l’élection du président de la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo s’annonce sous haute tension. Le scrutin, prévu ce jeudi 20 juin, intervient dans un climat de dissension marqué, alors que le mandat de l’actuel président, Dieudonné Kamuleta Badibanga, touche à sa fin.
Nommé en 2022, Kamuleta souhaite poursuivre son action à la tête de l’institution pour un second et dernier mandat, comme le permet la loi. Mais au sein même de la Cour, cette ambition est loin de faire l’unanimité. Plusieurs juges critiquent ouvertement sa gestion de certaines affaires sensibles, notamment les contentieux électoraux issus des scrutins de 2023, qu’ils estiment avoir été traités avec partialité.
Dans un rappel légal diffusé mardi, la Cour a précisé les modalités de cette élection interne. « En application de l'article 9 de la loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle, le président de la Cour est élu par ses pairs pour un mandat de trois ans, renouvelable une seule fois, dans des conditions déterminées par le règlement intérieur. Il est investi par ordonnance du Président de la République », peut-on lire dans un communiqué officiel.
Ce cadre juridique, pourtant clair, n’a pas suffi à apaiser les tensions. Des voix s’élèvent pour appeler à un changement de cap. En privé, plusieurs magistrats évoquent la nécessité d’un « signal fort d’indépendance et de renouveau » à travers l’émergence d’un nouveau leadership. Selon eux, seule une alternance permettrait de restaurer la crédibilité d’une institution fragilisée par les polémiques récentes.
Fait notable : jusqu’à présent, aucun candidat officiel ne s’est déclaré face à Kamuleta. Mais en coulisses, des tractations s’intensifient. L’objectif : faire émerger un profil de consensus, capable non seulement de désamorcer les tensions internes, mais aussi de restaurer la confiance du public dans la plus haute juridiction du pays.
Le nom du futur président de la Cour devrait être connu d’ici jeudi. Son investiture interviendra peu après par ordonnance présidentielle. Un tournant décisif pour une Cour dont la mission première – veiller à l’État de droit – est plus que jamais scrutée par l’opinion et les acteurs politiques.
ST