Crise au Sud-Kivu : l'appel de Mgr Maroy pour prévenir le chaos à Bukavu

Depuis la prise stratégique de Goma par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, la situation sécuritaire dans le Sud-Kivu s'est fortement dégradée. Après la conquête de Nyabibwe et d'Ihusi, non loin de Katana à quelques kilomètres de l'aéroport de Bukavu, la tension dans la capitale provinciale est devenue alarmante. C'est dans ce contexte critique que Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, archevêque métropolitain de Bukavu, a adressé une lettre ouverte au gouverneur du Sud-Kivu, implorant les autorités de prendre des mesures urgentes pour éviter une nouvelle tragédie.
Dans sa correspondance du 22 janvier 2025, référencée sous le numéro 238.35/13/2, Mgr Maroy rappelle avoir déjà alerté la communauté chrétienne par un message intitulé « Que devons-nous faire ? » (Lc 3,14). Il visait à prévenir la répétition des drames passés, dont les blessures restent encore béantes parmi la population congolaise.
Aujourd’hui, Mgr Maroy constate amèrement que les populations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu continuent de subir les affres d'une guerre dont les véritables motifs restent obscurs pour beaucoup. « Les pertes en vies humaines et en biens matériels, tant civils que militaires, sont incalculables », déplore-t-il.
Alors qu'un sommet se tient en Tanzanie, l’archevêque exhorte les dirigeants africains à prendre des décisions courageuses pour mettre fin aux conflits. Il critique la lenteur des discussions politiques qui, au lieu de fournir des solutions concrètes, prolongent l’agonie d’un peuple déjà meurtri. « Que nos dirigeants, qui sont nos frères africains, prennent des décisions utiles pour arrêter la guerre au lieu de prolonger les discussions », plaide-t-il, rappelant que « notre secours est dans le Nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ».
Par ailleurs, Mgr Maroy s'inquiète de la situation sécuritaire à Bukavu, où des combattants semblent vouloir installer des armes dans les quartiers résidentiels. Une telle décision pourrait transformer la ville, déjà marquée par plus de trois décennies de violence, en un nouveau champ de bataille. Il évoque également des actes de pillage et d'exactions perpétrés par certains militaires qui assimilent injustement la population civile à l'ennemi. Face à ces dérives, il appelle à la retenue et au respect des droits fondamentaux des citoyens.
En conclusion, Mgr Maroy en appelle à la conscience collective et à l’intervention divine pour épargner le peuple congolais d’une nouvelle tragédie. « Que Dieu, le seul Maître de la vie, secoue nos consciences et que la Vierge Marie, Mère du Christ, intercède pour nous tous », implore-t-il.
Cet appel vibrant souligne l’urgence d’une réponse politique et humanitaire face à une situation menaçant de plonger dans une nouvelle spirale de violence. Reste à savoir si les décideurs prendront enfin la mesure de la détresse d’un peuple qui aspire à vivre en paix.
La Rédaction