Guerre dans l’Est : Débat autour du retrait de l’AFC/M23 des pourparlers de Luanda

Alors que les pourparlers de paix prévus à Luanda devaient offrir une chance cruciale de progresser vers une résolution du conflit dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), l’annonce du retrait de l’AFC/M23 continue de susciter des réactions au sein de la communauté internationale. Jean-Marc Châtaigner, ancien ambassadeur de l'Union européenne en RDC, ainsi que plusieurs figures clés du paysage international, ont partagé leurs analyses sur cette décision controversée.
Jean-Marc Châtaigner a condamné le prétexte avancé par l’AFC/M23 pour justifier son retrait. « Il n’y a aucun rapport ! Les sanctions de l’Union européenne n’interdisaient nullement l’accueil en Angola d’une délégation du mouvement rebelle M23. C’est un mauvais prétexte pour échapper à la pression de la négociation diplomatique pour trouver une solution de paix en RDC », a-t-il déclaré via ses réseaux sociaux. Dans le même esprit, Johan Borgstam, représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, a affirmé que les sanctions n’étaient pas un obstacle aux négociations. « Ces mesures visent à responsabiliser les auteurs d’exactions, pas à empêcher un dialogue pour la paix », a-t-il précisé.
João Lourenço, président angolais et médiateur dans les pourparlers, a exprimé sa déception face au retrait du groupe rebelle. Soulignant l’importance de maintenir une dynamique de dialogue, il a déclaré : « La paix dans l’Est de la RDC nécessite une approche inclusive. Nous appelons toutes les parties à revenir à la table des négociations. » António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a partagé son inquiétude face à cette impasse. Il a insisté : « La priorité doit rester la protection des civils et la recherche d’une paix durable. Les parties doivent intensifier leurs efforts diplomatiques. »
Le président kenyan William Ruto, un acteur clé du processus de Nairobi, a quant à lui appelé à la responsabilité. « Le retrait de l’AFC/M23 est une occasion manquée, mais nous devons continuer à travailler pour une paix durable dans les Grands Lacs », a-t-il déclaré, tout en rappelant l’importance des solutions régionales. Enfin, Kaja Kallas, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, a souligné que « les sanctions européennes sont conformes au droit international et ne doivent pas détourner l’attention du dialogue indispensable pour parvenir à une résolution pacifique. »
Le retrait de l’AFC/M23 des pourparlers de Luanda représente un revers pour les efforts de médiation et la stabilité régionale. Néanmoins, la communauté internationale continue d’appeler les parties à privilégier la voie diplomatique afin d’éviter une escalade des tensions et de préserver les efforts pour une paix durable. Les regards restent tournés vers Luanda, dans l’espoir que ce blocage puisse être surmonté.
Guyvenant Misenge