"Kinshasa ezo bonga" : La capitale congolaise se refait une beauté

13 Juin 2025 - 13:55
13 Juin 2025 - 13:57
 0
"Kinshasa ezo bonga" : La capitale congolaise se refait une beauté

Sous le slogan mobilisateur « Kinshasa ezo bonga » (Kinshasa est en train de se reconstruire), le gouvernement provincial a lancé une ambitieuse campagne d'assainissement de la ville. Le vice-gouverneur, Eddy IYELI, a officiellement donné le coup d'envoi des travaux ce lundi 12 juin 2025.

Ces opérations seront menées par les organisations non gouvernementales Kin Bopeto et le Fonds d'Assainissement de Kinshasa (FONAK), sous la supervision de Jacques MABAYA Kashit. Ce projet ambitieux témoigne de l'engagement du vice-gouverneur à transformer la capitale, en vue de lui redonner son lustre d'antan.

_*Une ville plus propre et plus sûre_*

Accompagné du bourgmestre de la Commune de Kalamu, de conseillers municipaux, de hauts cadres de la ville et de la Colonelle LyLy, représentante de l'Hôtel de Ville, le vice-gouverneur Eddy IYELI a insisté sur la nécessité de respecter les normes d'une ville assainie. Lors de la cérémonie de lancement, la Colonelle LyLy s'est adressée directement aux occupants et vendeurs le long des routes, rappelant la responsabilité de chacun :

« Kinshasa a besoin de devenir propre et dégagée. Allez occuper les places vides dans les marchés. Délocalisez vos étalages et kiosques le long de la route, nous voulons une belle image de la ville. Une fois assainie, nous aurons moins d'accidents et de maladies hydriques. »

Des ingénieurs topographes, architectes et des services cadastraux étaient présents pour délimiter précisément les emprises des routes et des parcelles, garantissant le respect des lois d'urbanisation. L'objectif est clair : permettre à Kinshasa la Belle de retrouver sa robe de ville moderne.

Cependant L'annonce de ce projet a suscité des réactions contrastées parmi les Kinois.

_*Une joie palpable pour certains riverains_*

Les populations riveraines ont majoritairement manifesté leur joie face à ce grand projet d'aménagement des espaces publics. Madame Move José Fatu, sexagénaire, témoigne : « Je suis très ravie de voir les travaux d'assainissement initiés par le vice-gouverneur Eddy IYELI, qui veut revêtir Kinshasa de sa nouvelle robe. À l'époque de Mobutu, on l'appelait "Kinshasa la Belle", on voyait de belles maisons avec des routes aérées et sans saleté. »

Un chauffeur de taxi-moto, Monsieur Delphin, exprime également son soulagement : « Heureux de voir enfin la voie libre ! Les chauffeurs de taxi-moto étaient en insécurité permanente. Avec cette initiative, nous allons réellement reconstruire notre ville. Je rappelle à la population que la route n'est ni un marché ni une poubelle, comme le dit le vice-gouverneur dans son discours : "Balabala eza zando te !" (La route n'est pas un marché !) »

Un autre passant salue l'innovation dans la gestion des entités riveraines : « Je loue la bravoure du gouverneur qui, malgré la boue, vient pour nous aider à trouver la liberté de circuler. Avant, tout était bloqué ici, nous étions exposés à l'escroquerie et aux accidents. De plus, ceux qui vendaient à même le sol étaient exposés aux maladies des mains sales et aux maladies hydriques. J'espère qu'avec ce système, nous allons éliminer ces fléaux. »

*_Inquiétudes et revendications des commerçants et résidents_*

Cependant, cette opération a également mis en lumière des défis majeurs pour certains segments de la population, notamment les vendeurs ambulants et les petits entrepreneurs.

Martin Luboya, vendeur de téléphones et accessoires informatiques, déplore la perte de biens lors du déplacement de ses marchandises vers des lieux moins sécurisés et moins fréquentés : « Cette situation nous plonge dans un chômage aigu. Nous sommes ici pour subvenir aux besoins de nos familles. Certains sont venus des provinces en guerre et n'ont pas d'autre travail. Qu'allons-nous devenir si on nous chasse de la rue ? »

Kapinga Jeannette, une femme de 63 ans et mère de six enfants, vendeuse de chikwange, exprime son désarroi : « Je n'ai pas d'autres métiers. C'est mon unique moyen de survie. L'État me dit de quitter la rue, mais je ne sais même pas où aller revendre mes produits. Le gouvernement pourrait s'occuper d'un de mes enfants qui a fini ses études et est au chômage, mais moi, je devrais rester à la maison plutôt que de venir me faire chasser du marché ? »

De nombreux commerçants soulignent que les marchés officiels sont souvent insalubres, avec des odeurs nauséabondes et des amoncellements de déchets qui rendent difficile l'étalage de leurs marchandises. « Les marchés sont très sales, ça ne nous permet pas d'étaler nos articles librement », témoigne un vendeur.

Un ancien commerçant du tronçon Boulevard-Limeté critique également l'approche des autorités, qui ont privilégié la force plutôt que la collaboration : « Nous ne sommes pas contre notre gouvernement. Ce que fait le gouverneur est juste pour notre bien à tous, car il n'y aura plus de "kuluna" (bandits) qui passaient la nuit dans les kiosques. Ce que je déplore, c'est de nous envoyer dans un marché éloigné des clients. Nous aurions dû collaborer avec nos dirigeants pour leur faire part de nos difficultés à atteindre le nouveau marché. »

_*Recommandations de la population pour une meilleure gestion_*

Face à ces préoccupations, les habitants de Kinshasa ont formulé plusieurs recommandations essentielles pour l'avenir de ce projet d'assainissement :

- Collaboration et concertation : Instaurer une franche collaboration avec les autorités locales. Les décisions devraient être prises après une concertation prometteuse pour la survie de la population. Démolir des maisons sans avertissement prive les citoyens de leurs droits.

- Étude d'impact : Réaliser une étude d'impact socio-économique sur les contribuables et une étude d'impact environnemental. Par exemple, où seront jetés les déchets ramassés le long de la route, surtout pour éviter qu'ils ne se déversent directement dans les caniveaux après une petite pluie.

- Suivi régulier et régulation : Mettre en place un suivi régulier de la part des autorités. Maintenant que la route est ouverte, la police devrait réglementer la circulation en respectant la loi. Une identification de tous les conducteurs est nécessaire pour éviter les accidents mortels.

- Infrastructures d'assainissement : Créer des poubelles publiques en nombre suffisant pour maintenir la ville propre. Une brigade d'assainissement devrait être installée dans toute la ville pour faire appliquer les règles auprès des récalcitrants.

- Système "Salongo" : Réinstaurer l'ancien système de "Salongo" (travaux communautaires d'assainissement) chaque samedi, comme à l'époque de Mobutu.

- Législation environnementale : Établir une ordonnance condamnant les producteurs d'emballages plastiques et ceux qui jettent des déchets dans la rue ou dans les rivières comme la N'djili.

Ces activités d'assainissement se poursuivront dans toutes les communes de Kinshasa, avec l'objectif de transformer la capitale en une ville propre et belle, « Kinshasa ezo bonga ». Les équipements d'entretien ont été remis aux organisations chargées du projet et aux autorités locales sur place.

Juvenal Bulemo

newnarratifrdc Créé en 2023, New Narratif RDC est un média en ligne de l'Ets. Groupe New NARRATIF RDC. Dans son traitement d’informations, New NARRATIF RDC accorde l’importance à l’image positive de la République démocratique du Congo et de ses institutions en vue de pérenniser le «CHANGEMENT DE NARRATIF »