Processus de Doha : l’AFC/M23 dément tout engagement de retrait, Kinshasa accusé de « mauvaise foi »

Alors que Kinshasa affirme avoir obtenu un retrait des rebelles de toutes les zones occupées à l’issue de la déclaration de principes signée à Doha, l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, dément formellement et affirme maintenir ses positions.

Un nouvel espoir de paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo semblait se dessiner ce samedi 19 juillet à Doha, lorsque le gouvernement congolais et les rebelles du M23-AFC ont signé une déclaration de principes sous la médiation du Qatar. Mais moins de 24 heures après cet acte politique, les divergences d’interprétation éclatent déjà au grand jour.

Alors que les autorités congolaises ont annoncé que cette déclaration ouvrait la voie au retrait immédiat de l’AFC/M23 des zones qu’elle occupe, la rébellion dément catégoriquement. Benjamin Mbonimpa, chef de la délégation de l’AFC/M23 à Doha, parle d’« intox » et accuse Kinshasa de manipuler l’opinion.

« Faux. Nulle part dans la déclaration de principes, on n’a dit que l’AFC/M23 devait se retirer », affirme-t-il.
« Nous restons là où nous sommes. Donc la population peut se calmer et jouir de la paix et de la sécurité qu’elle bénéficie, car l’AFC/M23 ne va pas reculer, même pas d’un seul mètre. »

Selon Mbonimpa, la déclaration de Doha n’aborde pas explicitement la question des territoires occupés ni les causes profondes du conflit. Il précise que les discussions à venir devraient justement se pencher sur ces enjeux structurels.

« Jusqu’ici, il n’a pas été question de toucher aux causes profondes du conflit. Il y en a beaucoup, et on se donne le temps pour travailler dessus. »

Cette sortie médiatique du mouvement rebelle met à mal l’optimisme né des accords de Doha, alors que la population de l’Est du pays espérait une désescalade après des mois de tensions. L’AFC/M23 contrôle toujours plusieurs zones stratégiques, dont Goma et Bukavu, conquises lors d’une offensive éclair menée entre janvier et février derniers.

La divergence entre les discours de Kinshasa et ceux des rebelles témoigne de la fragilité du processus en cours. Si la déclaration de Doha se voulait une étape vers un cessez-le-feu durable, l’absence de consensus sur les termes clés, notamment le retrait des forces, risque de compromettre la suite des pourparlers.

Christian Mutombo Mbala