Reconquête de Goma et Bukavu des mains de l'armée rwandaise : Félix Tshisekedi face une alternative
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, lors d'une interview accordée à New-York Times, a comparé le conflit avec le M23 à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Comme toujours, Félix Tshisekedi a accusé Kigali d’être directement responsable de l’agression en cours dans l’est de la RDC. Il a tout de même rejetté toute négociation avec ce qu’il qualifie de "coquille vide" servant de façade au régime rwandais.
Félix Tshisekedi a fermement exclu toute discussion avec le groupe armé M23, estimant qu’il ne s’agit que d’un instrument du Rwanda pour masquer son ingérence en RDC.
«Je ne veux pas négocier avec le M23. M23 est une coquille vide», a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de négocier directement avec Kigali, et non avec une rébellion qu'il considère comme artificielle.
Le président congolais a également dénoncé un accord financier de 935 millions de dollars entre l’Union européenne et le Rwanda, qu’il juge complice du “vol” des minerais congolais. «L’Union européenne est complice dans le vol et le pillage du Congo», s’est-il insurgé, demandant la suspension immédiate de ce partenariat qu’il considère comme une caution au commerce illégal des ressources congolaises.
Tshisekedi a attaqué frontalement le président rwandais, Paul Kagame, qu’il accuse de nourrir délibérément l’instabilité dans la région pour ses propres intérêts économiques et stratégiques. «Kagame est un chef de guerre avec une obsession pour être le prédateur suprême», a-t-il affirmé, appelant la Communauté internationale à cesser de le protéger et à prendre des sanctions fermes contre lui.
Alors que le M23 contrôle plusieurs zones stratégiques, dont certaines aux abords de Goma, le président congolais a réaffirmé sa détermination à récupérer l’ensemble du territoire national.
«Nous allons reprendre Goma au M23, soit par le dialogue, soit par une reconquête militaire», a-t-il martelé, soulignant que l’armée congolaise se tient prête à contre-attaquer si aucune solution diplomatique n’est trouvée.
Fustigeant l’inaction des grandes puissances face aux agressions du Rwanda, Tshisekedi a exprimé son incompréhension face à la retenue de la communauté internationale. «Il me semble que tout le monde a peur de Kagame. Pourquoi ? Cela me surprend», a-t-il lancé, exhortant les États occidentaux à sanctionner fermement Kigali.
Tshisekedi a appelé à des sanctions économiques et politiques contre le Rwanda, affirmant que "le seul langage que Kagame comprend, c’est la force". Il estime que tant que le régime rwandais bénéficiera de soutiens financiers, il poursuivra ses agressions contre la RDC.
Enfin, Tshisekedi a rejeté les accusations de discrimination envers les Congolais d’ethnie tutsi, affirmant avoir été le premier président à reconnaître publiquement leur appartenance à la nation congolaise. «Les Banyamulenge sont Congolais, je l’ai dit haut et fort», a-t-il souligné, en réponse aux critiques du Rwanda sur la situation de cette communauté en RDC.
Alors que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a récemment demandé au Rwanda de retirer ses troupes et au M23 de cesser les hostilités, Tshisekedi en attend davantage. "L’ONU doit aller plus loin que les résolutions", a-t-il déclaré, demandant des actions concrètes pour contraindre Kigali à cesser son ingérence en RDC.
Face à la recrudescence des tensions dans l’est du pays, le président congolais appelle la c?Communauté internationale à sortir de l’inaction et à prendre des mesures fortes contre le Rwanda, sous peine de voir la crise dégénérer en un conflit régional de plus grande ampleur.
Gracieux Bazege