Histoire : 4 janvier 1959, Martyrs de l’indépendance, coïncidence ou acte prémédité ?

4 Janvier 2025 - 20:59
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Histoire : 4 janvier 1959, Martyrs de l’indépendance, coïncidence ou acte prémédité ?

La question des circonstances entourant les événements du 4 janvier 1959 et leurs conséquences mérite une attention particulière à chaque commémoration de cet événement tragique. Qu'avons-nous appris de ce sacrifice ? Comment pouvons-nous honorer et capitaliser sur ce lourd tribut payé par nos compatriotes ? Ces questions restent pertinentes, 65 ans après la révolte de Renquin (Matonge) qui a coûté la vie à de nombreux Congolais.

Renquin, connu bien avant l'indépendance pour ses activités culturelles et sportives, a vu sa notoriété augmenter grâce aux actions des précurseurs de l'indépendance. Aujourd'hui encore, ce quartier est indissociable de la commémoration des martyrs de l'indépendance.

Pour comprendre les tenants et aboutissants de l'acte héroïque du 4 janvier 1959, il est essentiel de revenir sur les faits. Cet après-midi-là, Renquin a été propulsé au centre de l'actualité lorsque le sol a été imbibé du sang des sportifs et des membres de l'ABAKO, le parti cher au président Kasa-Vubu, réunis en meeting à la place YMCA sur l'avenue Kasa-Vubu.

À l'époque coloniale, Renquin (Matonge) était un quartier animé, connu pour ses activités culturelles et sportives. Les rues étaient bordées de magasins tenus par des expatriés, offrant une variété de produits importés. Les bâtiments coloniaux, avec leur architecture imposante, dominaient le paysage. La place YMCA, située sur l'avenue Kasa-Vubu, était un lieu de rassemblement populaire, souvent utilisé pour des réunions et des événements communautaires.

Des sources crédibles indiquent qu'après la conférence de Bruxelles, où les leaders politiques congolais avaient discuté de la transition du pouvoir entre la Belgique et le peuple congolais, il était crucial d'expliquer aux partisans le sens de la revendication de Lumumba : "Indépendance immédiate". C'est ce que faisait le leader de l'ABAKO ce dimanche 4 janvier 1959.

Les autorités belges, mécontentes de cette initiative, ont rapidement barricadé l'YMCA pour empêcher la tenue de l'événement. Les membres de l'ABAKO ont alors protesté contre le pouvoir colonial, en présence du général Janssens, commandant de la force publique, l'armée coloniale.

La situation s'est aggravée lorsque les supporters du Veti Club, frustrés par une défaite qu'ils jugeaient injuste, ont rejoint la manifestation, se livrant à des pillages et des destructions, notamment des magasins appartenant à des expatriés.

Le général Janssens, connu pour sa phrase provocatrice "avant l'indépendance égale après l'indépendance", a ordonné aux soldats de la force publique de réprimer les manifestants. Ce 4 janvier a été marqué par la mort de centaines de personnes, victimes d'une répression violente de la part des autorités coloniales.

Alors, s'agissait-il d'une préméditation ou d'un concours de circonstances ?

Commençons par la seconde hypothèse de concours de circonstances. D'emblée, nous constatons que les partisans du président Kasa-Vubu n'étaient pas déterminés à commettre des actes de vandalisme. Ils manifestaient pacifiquement et de manière disciplinée. Ce sont les supporters sportifs, irrités par leur défaite, qui ont saisi l'occasion pour exprimer leur colère contre les colons, entraînant des actes de vandalisme dans les magasins du quartier Renquin.

S'il est vrai que la force publique devait protéger la population et ses biens, principalement les magasins appartenant aux expatriés, la question se pose de savoir s'il n'existait pas des moyens plus appropriés et professionnels pour limiter les dégâts. Était-il nécessaire de recourir à une telle violence ce dimanche 4 janvier 1959 ? Ces questions hantent encore la population congolaise en ce jour de commémoration.

Certains observateurs pensent que, sentant le vent de l'indépendance, Janssens avait prévu de profiter de l'occasion pour commettre l'irréparable. D'autres estiment que Janssens, déterminé à défendre son poste de commandant de la force publique, aurait perdu son sang-froid.

Entre la préméditation et le concours de circonstances, la balance semble pencher vers la seconde hypothèse. Cependant, une chose est sûre : tant que la RDC existera, cette question sur la préméditation ou le concours de circonstances ayant causé tant de morts subsistera. Néanmoins, chacun doit contribuer au développement de notre pays et à l'établissement d'un véritable état de droit afin que le sacrifice des martyrs de l'indépendance ne soit pas vain.

Rémy Mbuyi

newnarratifrdc Créé en 2023, New Narratif RDC est un média en ligne de l'Ets. Groupe New NARRATIF RDC. Dans son traitement d’informations, New NARRATIF RDC accorde l’importance à l’image positive de la République démocratique du Congo et de ses institutions en vue de pérenniser le «CHANGEMENT DE NARRATIF »