RDC : La liberté de la presse face à la guerre et à l'IA, le gouvernement réaffirme son engagement

Dans un contexte national marqué par l'agression rwandaise et l'essor fulgurant de l'intelligence artificielle, la République Démocratique du Congo a commémoré ce jour la Journée mondiale de la liberté de la presse.
La cérémonie, empreinte de gravité et d'espoir, a été l'occasion pour le Ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement, de dresser un bilan des avancées et des défis, tout en réaffirmant l'engagement du gouvernement envers un écosystème médiatique libre et pluriel. La présence remarquée du Chef de l'État a souligné l'importance capitale accordée à ce pilier démocratique, particulièrement en ces temps troubles.
Dans son allocution, le Ministre a d'emblée souligné le caractère particulier de cette célébration, intervenant alors que la RDC fait face à une ag
ression sur son territoire.
Cette situation, a-t-il déploré, met en péril la liberté de la presse et de l'information dans les zones occupées, où règne la terreur et où les voix dissidentes sont réduites au silence par l'intimidation, les arrestations arbitraires et la fermeture des médias. Face à cette offensive "liberticide", la présence du Président de la République a été saluée comme un "rempart vivant" et un témoignage de solidarité envers les journalistes qui, à l'image de la population, font preuve de bravoure et de résilience.
Le Ministre a ensuite exprimé la profonde gratitude des professionnels des médias envers le Chef de l'État pour son engagement constant. Il a rappelé les progrès majeurs accomplis grâce à son implication, notamment la réforme du cadre normatif et institutionnel du secteur.
Les États Généraux de la Communication et des Médias de janvier 2022, initiés sous sa vision, ont permis un diagnostic approfondi du secteur et ont esquissé des solutions en cours d'implémentation. La promulgation de l'Ordonnance-Loi n°23/009 du 13 mars 2023, fixant les modalités d’exercice de la liberté de presse, a été présentée comme un acte d'engagement républicain majeur, hissant le secteur des médias au rang des priorités stratégiques.
Cette réforme structurelle, sans précédent, vise à faire de la presse un pilier solide de la démocratie et un levier de développement. Le Ministre a détaillé les avancées notables permises par cette ordonnance-loi, notamment la révision de la loi sur l'exercice de la liberté de la presse intégrant une nouvelle définition du journaliste et les conditions d'accès à la profession, ainsi que l'amorce de la dépénalisation des délits de presse avec la consécration de l'obligation du droit de réponse. La requalification économique et structurelle de l'entreprise de presse et l'allègement des charges fiscales pour les médias de proximité ont également été mis en avant.
En sa qualité de Président du Comité de Suivi de la mise en œuvre des recommandations des états généraux, le Ministre a annoncé la finalisation prochaine d'une série de textes réglementaires visant à concrétiser pleinement les bénéfices de l'Ordonnance-Loi. Parmi ces textes figurent un décret fixant les modalités des redevances pour les médias associatifs, communautaires et confessionnels, un arrêté interministériel sur l'exonération des droits de douane pour les intrants de la production médiatique, un autre portant fixation des taux des droits et taxes du Ministère de la Communication et Médias, un arrêté sur l'obtention du récépissé pour publier ou diffuser, et enfin, un arrêté déterminant les modalités d'accréditation des professionnels des médias étrangers. De plus, le projet de statut du journaliste congolais, destiné à moderniser le cadre légal, est en voie de finalisation.
Abordant le thème central de cette journée, "Le journaliste Congolais face au défi de l’intelligence artificielle : information et désinformation en temps de guerre", le Ministre a souligné son actualité dans un contexte de guerre informationnelle où l'IA est utilisée comme une arme psychologique pour diffuser de fausses informations et manipuler les esprits.
Face à cette menace, il a mis en avant la riposte mise en place par le gouvernement, axée sur la vérification factuelle et la déconstruction systématique de la désinformation, notamment à travers la campagne "Congolais TELEMA". Il a plaidé pour une consolidation de ce dispositif impliquant gouvernement, professionnels des médias et fact-checkers.
Le Ministre a également évoqué les réflexions en cours sur la modernisation des médias et la formation des journalistes face à l'évolution technologique, annonçant la poursuite de la modernisation des médias publics et la disposition du gouvernement à accompagner les médias privés dans cette transition. Il a salué les travaux à venir sur l'intelligence artificielle et a souligné le rôle crucial des médias traditionnels dans la lutte contre les dérives des réseaux sociaux et de l'IA.
En conclusion, le Ministre a insisté sur le passage à l'action et à la consolidation des réformes entreprises.
Le ministre Patrick Muyaya a affirmé que ce qui est défendu n'est pas une corporation, mais un idéal : la vérité. Il a reconnu qu'il restait beaucoup à faire pour atteindre une "salubrité médiatique", mais s'est montré optimiste quant à l'avenir, grâce à une volonté politique ferme, une vision présidentielle éclairée et un engagement collectif.
Le ministre de la Communication a rendu hommage à la volonté politique du Chef de l'État, qui ne craint pas la critique, et a salué l'engagement des journalistes et des organisations partenaires des médias.
Patrick Muyaya a terminé son discours en réaffirmant la vision d'une presse congolaise comme co-constructrice de la nation, permettant à chaque citoyen de connaître, comprendre, choisir et agir en toute conscience.
Gracieux Bazege