Rétrocession stratégique à Musenda : Les FARDC reprennent le terrain, l'inquiétude civile persiste

Après plusieurs semaines d'une présence rebelle synonyme d'incertitude et de tension, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont réaffirmé leur présence dans le village stratégique de Musenda, situé le long des rives du lac Édouard, dans le territoire de Lubero. Cette réoccupation, survenue sans affrontement direct, a été orchestrée sur instruction du Général Major Bruno Mandevu, Commandant du Front Nord, selon des sources militaires.
La reprise de Musenda intervient après que les forces loyalistes eurent cédé le contrôle de cette localité clé lors des récentes offensives menées par le mouvement rebelle M23 et ses alliés. Ces avancées avaient permis aux rebelles de s'emparer des villages voisins de Lunyasenge et Katundu, des actions considérées comme une violation flagrante du cessez-le-feu théoriquement en vigueur dans la région.
« L’ordre était clair : reprendre le contrôle de Musenda pour empêcher toute avancée supplémentaire des rebelles vers le lac Édouard », a confié un officier sous couvert d’anonymat au média local Les Volcans News, soulignant l'importance stratégique de cette localité riveraine.
L'opération de réinvestissement s'est déroulée sans heurts majeurs, les éléments du M23 ayant apparemment quitté Musenda avant l'arrivée des troupes gouvernementales. Cette reprise est présentée par l'armée comme un succès tactique, marquant potentiellement un frein à la progression des rebelles dans cette zone sensible.
Cependant, derrière ce gain militaire, la situation humanitaire dans la région demeure critique. Les populations civiles de Musenda, qui avaient trouvé refuge à Chavinyonge, en territoire de Beni, hésitent encore à retourner dans leurs foyers. La peur de nouvelles attaques et l'absence de garanties de sécurité pèsent lourdement sur leur décision.
« Tant que la sécurité n’est pas garantie et que les rebelles ne sont pas repoussés plus loin, nous ne pouvons pas rentrer.
Nous avons tout laissé derrière nous, mais nos vies comptent plus », témoigne avec angoisse Mamadou, un déplacé originaire de Musenda, illustrant le dilemme déchirant des civils pris au piège du conflit.
La région de Lubero reste un point chaud, où la tension palpable contraste avec les efforts diplomatiques qui peinent à relancer un dialogue constructif entre les parties belligérantes.
Sur le terrain, la réalité est faite d'un cycle incessant de mouvements tactiques, de replis et de contre-offensives, plaçant une fois de plus les populations civiles en première ligne de cette crise persistante. La reprise de Musenda, bien que significative sur le plan militaire, ne suffit pas à rassurer des communautés profondément affectées par la violence et l'incertitude.
Gracieux Bazege