Beni suffoque sous les ordures : le Bourgoumestre et la société civile tirent la sonnette d’alarme

À Beni, le décor quotidien se teinte d'une nuance nauséabonde : celle de l'insalubrité. Ici, au cœur du Nord-Kivu, des quartiers entiers semblent se résigner à voir leurs artères se transformer en dépotoirs sauvages, un spectacle désolant qui met à rude épreuve la patience des habitants et l'efficacité des services d'hygiène.
Face à cette réalité crue, le Bourgmestre de la commune de Mulekera a brisé le silence ce jeudi 10 avril 2025. Dans une interview empreinte d'une légitime indignation, il a pointé du doigt l'état déplorable de certains secteurs de sa juridiction, une situation qui expose dangereusement ses administrés à un cocktail de maladies insidieuses. Dans le même sillage, le Commissaire Supérieur Ngongo Mayanga Dieudonné a, quant à lui, haussé le ton, sommant les auteurs de ces incivilités de faire preuve de retenue. Bien que l'édile promette des efforts pour redorer le blason sanitaire de la ville, son appel vibrant aux citoyens pour qu'ils honorent leurs obligations fiscales sonne comme un aveu : l'assainissement a besoin de moyens.
Le malaise est palpable et dépasse les murs de la mairie de Mulekera.
Dans la commune voisine de Bungulu, la société civile tire la sonnette d'alarme avec une urgence non dissimulée. Ainsi, Kapanga Panga Tito, figure de proue de cette structure citoyenne, dresse un tableau sombre de l'hygiène dans des lieux névralgiques de Beni : le petit marché de Kilokwa noyé sous les détritus, les abords du stade du 15 octobre souillés, et même le marché central, ironiquement théâtre d'une perception de taxes qui ne semble pas se traduire par une évacuation efficace des immondices.
De ce fait, la voix de la société civile monte, réclamant une écoute attentive des autorités urbaines. L'insalubrité du marché de Mayangose, où les déchets des commerçantes s'amoncellent sans vergogne, est un symbole de cette négligence. Le constat est amer : les services de l'environnement et d'hygiène restent étrangement muets face à ce désastre sanitaire, laissant les commerçantes improviser des décharges à ciel ouvert.
Pour Kapanga Panga Tito, cette accumulation de déchets n'est pas une simple nuisance esthétique, mais une bombe à retardement pour la santé des revendeuses, les exposant à un éventail de maladies graves. C'est pourquoi, l'appel à une action rapide et concrète des autorités urbaines résonne comme une nécessité vitale, une urgence pour prévenir une crise sanitaire imminente. La question lancinante demeure : pourquoi les commerçants continuent-ils de s'acquitter de taxes sans voir la couleur d'une amélioration tangible ?
En conséquence, la société civile exhorte les acteurs compétents, les gardiens de l'environnement et de l'hygiène, à enfin endosser pleinement leur rôle protecteur. Il est important de noter que cette situation d'insalubrité, qui défigure une ville hôte temporaire du chef-lieu du Nord-Kivu et lieu de passage de délégations nationales et internationales, est une tache qui ternit l'image de Beni et met en péril le bien-être de ses habitants. Dès lors, la réponse des autorités se fait attendre, dans l'espoir que Beni puisse enfin respirer un air plus pur.
Juvenal Bulemo