De Kabalo à Kimbangu : Le Mystère de Janvier 1922

En janvier 1922, Simon Kimbangu, le prophète congolais, fit halte à Kabalo avant d’être transféré au Katanga, où il passa près de trente années de sa vie en captivité. Pourtant, cette étape de son parcours reste largement méconnue, et les récits officiels de l’Église Kimbanguiste l’évoquent rarement. Pourquoi ? Et que s’est-il réellement passé à Kabalo ?
Arrêt obligatoire sur son long itinéraire entre son arrestation à Nkamba et son exil au Katanga, Kabalo fut le lieu où Kimbangu prononça une prophétie sur l’avenir du Congo. Selon les témoignages, il aurait demandé à ses gardiens de le libérer afin de pouvoir parler en homme libre et annoncer la venue d’une « étoile » symbolisant la délivrance du pays.
Le passage de Kimbangu à Kabalo s’inscrit dans un itinéraire soigneusement documenté : Nkamba, Thysville, Léopoldville, Matadi, Bolobo, Mbandaka, Lisala, Bumba, Kisangani, Ubundu, Kindu, et enfin Kabalo avant de rejoindre Élisabethville (actuelle Lubumbashi) le 19 janvier 1922. Chaque étape témoigne de l’impact spirituel et populaire qu’exerçait le prophète auprès de la population.
Durant sa détention, Kimbangu montrait une dimension mystique hors du commun. Certains témoignages racontent qu’il aurait pu s’évader à plusieurs reprises, mais qu’il choisit de rester prisonnier, obéissant à ce qu’il considérait comme une mission divine dépassant l’entendement humain.
Cette fidélité à sa vocation fait de Kabalo un lieu symbolique. Ce n’était pas un simple arrêt sur le trajet vers le Katanga : c’est là que Kimbangu aurait révélé des aspects de sa mission spirituelle et prophétique, annonçant la venue de celui qui, selon lui, apporterait un nouvel ordre au Congo.
Les récits évoquent qu’en 1947, une « étoile » serait apparue à Kabalo, confirmant la prophétie faite vingt-cinq ans plus tôt. Dans la tradition kimbanguiste, cette étoile symboliserait la présence divine et l’accomplissement de la mission prophétique au Congo.
Bien que certains détails soient sujets à interprétation, il est clair que Kabalo occupe une place particulière dans la mémoire spirituelle et historique du pays. Cette ville est ainsi considérée par certains comme un point central du destin congolais.
Malgré son importance, Kabalo reste largement absent des récits officiels de l’Église Kimbanguiste et des chants traditionnels, comme « Beto kwenda na Kabalo », aujourd’hui disparus des répertoires. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce silence : le choix de mettre l’accent sur Nkamba, cœur spirituel de l’Église, ou la volonté de concentrer la mémoire collective sur le Katanga, lieu de l’exil et de la mort de Kimbangu.
Pourtant, redécouvrir cette étape permet de mieux comprendre la portée prophétique et historique du parcours de Simon Kimbangu, ainsi que le rôle que Kabalo aurait joué dans le destin spirituel du Congo.
Juvenal Bulemo