Nord-Kivu en crise : Le M23 consolide son contrôle avec le soutien du Rwanda

Nyabibwe, un centre stratégique du territoire de Kalehe, cette région minière située à 120 km de Bukavu, est tombée aux mains des rebelles du M23-AFC dans la soirée du mercredi 5 février 2025, après de violents affrontements avec les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Cette prise de contrôle soulève de nouvelles inquiétudes quant à l’évolution du conflit dans l’est du pays, alors que le M23, soutenu par le Rwanda, continue d’étendre son influence.
D’après plusieurs sources locales, les combattants du M23-AFC, parmi lesquels figureraient des éléments de l’armée rwandaise, sont désormais visibles à Nyabibwe, certains circulant à pied, d’autres à bord de véhicules militaires. « Je viens moi-même de les voir de mes propres yeux. J’aidais l’un de leurs combattants à porter sa mallette jusqu’au stade où était installé leur camp, pendant que d’autres continuaient leur avancée », témoigne un habitant sous anonymat.
Les combats ont éclaté dès les premières heures de la matinée, opposant les FARDC aux assaillants. Les forces loyalistes ont tenté de défendre la localité, mais elles ont fini par céder sous la pression ennemie. « Nos forces ont tenu bon toute la journée, mais elles ont fini par être débordées. Le rapport de force était trop inégal », confie une source militaire.
Située sur l’axe reliant le Sud-Kivu au Nord-Kivu, Nyabibwe joue un rôle clé dans la circulation des personnes et des marchandises. Sa chute pourrait avoir des répercussions sur la sécurité et l’approvisionnement dans la région.
Par ailleurs, la capture de cette localité intervient alors que le M23-AFC avait annoncé un cessez-le-feu humanitaire le 4 février 2025. Cependant, le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, a dénoncé une violation de cette trêve par les rebelles eux-mêmes. Kinshasa accuse régulièrement le Rwanda de soutenir activement ces rebelles, en leur fournissant non seulement des armes et des munitions, mais aussi en intégrant des soldats rwandais dans leurs rangs pour renforcer leur offensive.
Alors que la situation sécuritaire se détériore, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une résolution pacifique du conflit. Si le président Félix Tshisekedi refuse toute négociation directe avec les rebelles, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) militent pour un dialogue inclusif.
« La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes. Ça n’aurait pas de sens de les mettre à côté et d’espérer retrouver la paix sans eux », estime Monseigneur Donatien Nshole, Secrétaire Général de la CENCO.
Avec la chute de Nyabibwe, la pression monte sur d’autres localités du Sud-Kivu. Les combats ont provoqué un exode massif de civils, fuyant vers des zones plus sûres. La crise humanitaire s’intensifie, alors que les FARDC et leurs alliés tentent de réorganiser leurs forces en vue d’une éventuelle contre-offensive.
Pendant ce temps, la communauté internationale observe avec inquiétude l’évolution de la situation, alors que la paix demeure un défi majeur dans cette région meurtrie par des années de conflits armés et de tensions entre la RDC et le Rwanda.
Rédaction