Ituri : John Sultan Toly alerte sur l'inaction face à la pêche illicite sur la Lac Albert

Le Lac Albert, un écosystème halieutique vital pour l'Ituri, fait face à une crise environnementale aiguë. Depuis plusieurs mois, la pêche illicite s'y déroule à grande échelle, caractérisée par une impunité troublante et, selon des observateurs locaux, par la complicité des organismes censés la prévenir.

Dans une entrevue exclusive accordée ce mardi, John Sultan Toly, défenseur local de l'environnement, a dénoncé la « destruction méchante des espèces », affirmant que le lac, qui abritait autrefois 50 espèces, n'en compte plus que 14 aujourd'hui. Cette régression alarmante, malgré des dénonciations répétées, est accueillie par un silence du gouverneur militaire de l’Ituri, un mutisme qui soulève de sérieuses questions quant à l'efficacité ou l'engagement des autorités provinciales.

Les soupçons d'inaction s'étendent au-delà de l'exécutif provincial pour concerner directement les organes de contrôle. L’Unité de Surveillance, spécifiquement établie pour assurer la protection du lac, est accusée de trahir son mandat. Plutôt que de freiner la pêche illégale, des témoignages suggèrent qu'elle y participerait activement. Cette situation est aggravée par le non-respect d'une décision de réforme de sa gestion, pourtant émise par le gouverneur lui-même, mais restée lettre morte. Ce laxisme dans l'application des mesures de protection, soutient John Sultan Toly, renforce les allégations d'une impunité orchestrée autour de l'exploitation illégale des ressources du lac.

La crise prend une dimension encore plus grave avec la mise en cause de la Force Navale présente sur le lac. Cette entité, dont la mission est d'assurer l'ordre et la sécurité, est également pointée du doigt pour sa complicité présumée dans les pratiques de pêche illégale. Des allégations d'implication directe, de bénéfice de prises illégales ou de simple tolérance délibérée pèsent lourdement sur cette force. Pour les communautés riveraines, cette situation représente un double traumatisme : voir les garants de l'ordre devenir les destructeurs de leur principale source de subsistance et de vie économique.

Face à ce contexte alarmant de déclin environnemental et de défaillance institutionnelle, John Sultan Toly et les acteurs communautaires lancent un appel pressant à la responsabilité. Ils exhortent les autorités provinciales à rompre leur mutisme et à appliquer sans délai les mesures et décisions de réforme déjà prises.

 L’enjeu dépasse la simple gestion des ressources : le silence persistant du gouverneur menace d'annihiler les efforts de protection environnementale menés par les communautés, compromettant ainsi durablement la survie des populations dépendantes de cet écosystème. Cette crise sur le Lac Albert s'inscrit, par ailleurs, dans un contexte plus large de menaces pesant sur les écosystèmes halieutiques et les parcs dans l'Est de la République Démocratique du Congo.

Juvenal Bulemo