RDC : Constant Mutamba claque la porte et dénonce un "complot conçu à Kigali"

La scène politique congolaise est secouée par la démission fracassante de Constant Mutamba, ministre démissionnaire de la Justice, qui accuse des acteurs internes et étrangers de manœuvres visant à l’écarter du pouvoir. Dans une lettre adressée au président Félix Tshisekedi et rendue publique ce mercredi, Mutamba évoque un « complot politique visiblement conçu à Kigali et exécuté par certains de nos compatriotes ».
Le désormais ex-ministre affirme que ce complot s’inscrit dans un contexte plus large, marqué par le conflit dans l’Est du pays, et qu’il viserait à saboter la stratégie gouvernementale face à l’agression rwandaise présumée. « Malheureusement, au moment où, tel votre soldat, engagé dans des poursuites contre des hauts responsables de l'AFC/M23, je suis surpris par un coup de poignard dans le dos », déplore-t-il dans sa lettre.
Mutamba ne se limite pas à des insinuations. Il cite explicitement certaines réactions internationales, dont celle de Kigali, comme preuves de cette machination. « Ce complot politique dont se revendiquent le Ministre rwandais des Affaires étrangères, qui a jubilé à travers son tweet, ainsi que les responsables de l'AFC/M23, dont l'objectif ultime est d'obtenir mon élimination physique », dénonce-t-il, dans une accusation frontale qui risque d’enflammer davantage les tensions diplomatiques.
Selon lui, cette opération de déstabilisation dépasse sa propre personne. Il y voit une tentative de désorganiser la riposte gouvernementale et de bloquer les réformes internes qu’il dit avoir portées. « Ce complot (...) vise à freiner l’élan patriotique et les efforts de justice engagés », insiste-t-il, dressant ainsi un tableau sombre de l’environnement politique dans lequel il dit ne plus pouvoir exercer.
La démission de Mutamba survient dans un climat sécuritaire délétère, alors que les combats se poursuivent entre les FARDC et les rebelles du M23 dans le Nord-Kivu. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir ces groupes armés, des allégations régulièrement rejetées par Kigali, mais que Mutamba réactive ici de manière personnelle et politique.
En quittant le gouvernement, le leader politique affirme agir « en tant que républicain, respectueux de la Constitution ». Il conclut sa lettre en disant remettre sa démission « non sans regret », mais par devoir, face à ce qu’il qualifie de trahison intérieure et de complot orchestré. Une sortie qui pourrait bien rebattre les cartes au sein de la majorité présidentielle.
ST