RDC – Lutte contre le choléra : le gouvernement appelle à une mobilisation nationale

Le ministre de la Communication et Médias, et Porte parole du gouvernement, Patrick Muyaya, accompagné de son collègue de la Santé, le Dr Roger Kamba, a animé un point de presse ce Lundi 14 juillet à Kinshasa. L’objectif : faire le point sur la double épidémie de choléra et d’importation sanitaire en cours dans le pays, et lancer un appel pressant à la mobilisation générale pour freiner la propagation de la maladie.

_Une situation épidémiologique préoccupante_

Le ministre Patrick Muyaya a ouvert ce briefing en soulignant la gravité de la situation sanitaire, notamment à Kinshasa, où 27 des 35 zones de santé sont touchées par l’épidémie de choléra. Au niveau national, 17 provinces sont concernées, avec une recrudescence inquiétante des cas dans la Tshopo, Kinshasa, le Sud-Kivu, le Maniema et le Nord-Kivu.

Dr Roger Kamba a rappelé que le choléra est une maladie bactérienne grave, transmise par l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminée. Elle se manifeste principalement par une diarrhée et des vomissements profus pouvant entraîner la mort en quelques heures si la réhydratation n’est pas immédiate.

« Depuis son apparition en 1973, le choléra n’a jamais quitté notre pays », a expliqué le ministre. « Il reste endémique dans l’Est, mais les inondations, les déplacements de populations et les mauvaises conditions d’hygiène ont contribué à sa propagation vers d’autres régions, dont la capitale. »

_Près de 2 100 cas en une semaine_

Le Dr Kamba a indiqué que pour la seule semaine 27 de cette année, 2 085 cas de choléra ont été enregistrés à travers le pays, soit plus du double du seuil endémique hebdomadaire moyen (environ 1 000 cas).

À Kinshasa, le premier cas avait été détecté chez un policier venu de l’Est. Depuis, la maladie s’est répandue rapidement dans plusieurs communes, notamment à cause de la promiscuité, du manque d’accès à l’eau potable et des pratiques d’hygiène défaillantes. Le ministre a insisté : « Se laver les mains et boire de l’eau propre sont les deux mesures les plus efficaces pour limiter la contamination. »

Actuellement, 34 centres de traitement du choléra (CTC) sont opérationnels à Kinshasa. Huit autres seront fonctionnels d’ici la fin de la semaine. Le personnel médical est jugé suffisant pour faire face à l’épidémie, avec une capacité de prise en charge estimée à environ 2 000 malades par semaine.

Le ministre de la Santé a précisé que « la majorité des décès surviennent en communauté, avant même l’arrivée à l’hôpital ». Il a donc invité la population à consulter sans délai en cas de diarrhée sévère et à éviter l’automédication, notamment l’usage de médicaments anti-diarrhéiques, qui masquent les symptômes sans traiter la cause.

*_Des signes d’amélioration à l’Est_*

Concernant l’importation sanitaire, qui avait touché jusqu’à 490 zones de santé au pic de l’épidémie, la situation s’améliore. « Aujourd’hui, seulement 51 zones de santé sont encore concernées. Dans la plupart d’entre elles, le nombre de cas est en nette diminution. Nous sommes sur la pente descendante, même si la fin officielle de l’épidémie n’est pas encore déclarée », a précisé le Dr Kamba.

*_Coordination multisectorielle et partenaires mobilisés_*

Une coordination nationale est en place, impliquant plusieurs ministères (Intérieur, Affaires sociales, Environnement, etc.), pour améliorer l’accès à l’eau potable, construire des latrines et assurer un approvisionnement régulier en kits de réhydratation et antibiotiques.

En parallèle, les partenaires internationaux, dont l’UNICEF et l’OMS, sont pleinement engagés. « Nous avons reçu 20 tonnes de matériel médical la semaine dernière, et d’autres cargaisons sont attendues », a confirmé le ministre de la Santé.

La conférence de presse s’est conclue sur un message clair : « La solution durable repose sur le comportement de chacun », a insisté Patrick Muyaya. Le gouvernement appelle la population à renforcer les mesures d’hygiène individuelle et collective, à signaler rapidement les cas suspects, et à éviter toute stigmatisation.

La riposte contre le choléra est un combat de longue haleine, mais le gouvernement affirme disposer des ressources humaines, matérielles et logistiques nécessaires pour contenir la maladie, à condition que tous les acteurs, institutions, partenaires et citoyens jouent pleinement leur rôle.

Christian Mutombo Mbala