Tensions à l’ONU : La RDC accuse le Rwanda de vouloir renverser le pouvoir de Tshisekedi

La République Démocratique du Congo (RDC) a, une fois de plus, pointé du doigt le Rwanda, l’accusant de chercher à renverser le pouvoir en place à Kinshasa. Mercredi, lors d’une session du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à la situation sécuritaire dans l’Est du pays, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dénoncé l’ingérence de Kigali et exigé des « sanctions robustes » contre le régime rwandais et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23).
Dans son intervention, la cheffe de la diplomatie congolaise a rappelé la responsabilité présumée du Rwanda dans l’instabilité qui secoue l’Est de la RDC. Selon elle, Kigali soutient activement la rébellion du M23, qui mène des offensives meurtrières dans le Nord-Kivu. « La communauté internationale doit cesser d’être spectatrice et imposer des sanctions fermes contre ceux qui déstabilisent notre pays », a-t-elle déclaré avec fermeté.
Cette sortie musclée s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques persistantes entre Kinshasa et Kigali. La RDC accuse régulièrement son voisin de soutenir des groupes armés opérant sur son territoire, tandis que le Rwanda rejette ces accusations, affirmant défendre ses intérêts sécuritaires face aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice active dans la région depuis des décennies.
Une cacophonie au sommet de l'État ?
Si la position de la ministre est claire, celle du président Félix Tshisekedi semble plus nuancée. En effet, ce dernier a récemment accusé son prédécesseur, Joseph Kabila, d’être en partie responsable de la situation sécuritaire du pays. Une divergence de ton qui alimente les interrogations sur la ligne adoptée par Kinshasa face à la crise.
D’un côté, l’exécutif congolais pointe du doigt Kigali comme principal acteur de la déstabilisation ; de l’autre, Félix Tshisekedi semble orienter le débat vers des responsabilités internes. Cette situation suscite un flou politique qui, selon certains observateurs, pourrait affaiblir la posture diplomatique de la RDC à l’international.
Alors que les appels à des sanctions se multiplient, la communauté internationale reste prudente. Si plusieurs pays reconnaissent l’implication présumée du Rwanda dans la crise, des intérêts géopolitiques et économiques freinent toute prise de décision radicale contre Kigali.
Le Conseil de sécurité, déjà critiqué pour son incapacité à imposer une solution durable dans l’Est congolais, se retrouve face à un dilemme : répondre aux attentes de Kinshasa ou maintenir une approche diplomatique pour éviter une escalade régionale.
Pendant ce temps, la situation sur le terrain reste dramatique. Les populations civiles continuent de fuir les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, exacerbant une crise humanitaire qui perdure depuis plusieurs décennies.
Gracieux Bazege