Conclave de Nairobi : Moïse Moni Della n’y voit qu’une manœuvre pour sauver un FCC moribond

Le conclave de l’opposition organisée par l'ancien Président Joseph Kabila à Nairobi n'est pas passée inaperçue, mais l'analyse la plus tranchée vient de Moïse Moni Della. Co-fondateur historique de l’UDPS et voix influente de la scène politique, Moni Della réduit l'événement à une simple tentative de réanimation politique d’un Front Commun pour le Congo (FCC) à bout de souffle. Pour cet ancien Vice-ministre, qui connaît bien les arcanes du pouvoir, Kabila ne cherche qu'à « sauver sa famille politique » et non à construire une opposition crédible, car l'opposition congolaise, par nature, est plurielle et ne peut être dictée par un seul homme.
Le cœur de la critique de Moni Della réside dans le déficit de légitimité morale du FCC. Il juge « hypocrite » que les anciens dignitaires se plaignent aujourd'hui de la répression sous le régime actuel pour justifier leur propre incapacité à mobiliser. Moni Della parle en connaissance de cause : il se positionne comme un symbole vivant de la résistance, un « prisonnier » bénéficiant d'une liberté provisoire et un « rescapé et témoin oculaire » des massacres, notamment ceux du 19 septembre 2016. Cette expérience personnelle lui confère l'autorité morale pour affirmer que l'incapacité du FCC à peser ne résulte pas d'une répression externe, mais d'une faiblesse interne. Il souligne le contraste frappant avec la résilience historique de l'UDPS sous le leadership d'Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
Une plateforme « mourante » sans capacité de mobilisation
Moni Della observe que le FCC était déjà « presque mourante, inopérante » avant même la condamnation de son chef. Il note qu'après cette sentence, la plateforme s'est montrée incapable d'organiser même une petite manifestation. Cette incapacité à bouger ses troupes — hormis quelques jeunes du PPRD qui tentent de maintenir une présence médiatique — démontre que l'opposition n'est pas un rôle facile à endosser pour ceux qui ont géré les affaires du pays pendant près de deux décennies. Il insiste sur le fait qu'il n'est pas facile de faire l'opposition même avec « tous les moyens accumulés pendant plus de 18 ans ». En convoquant cette réunion à Nairobi, M. Kabila tente uniquement de consolider sa base, un droit légitime, mais qui ne saurait être confondu avec un leadership légitime de l'opposition nationale.
Au-delà des querelles intestines et des manœuvres de survie du FCC, Moïse Moni Della insiste sur la gravité de la conjoncture actuelle, qu'il estime menacée par une « Yougoslavisation » du pays et une « colonisation rwandaise par procuration ». Face à ce danger imminent, il juge que le temps des atermoiements et des agendas personnels est révolu. La seule voie légitime et patriotique est de rejoindre sans délai le Camp de la Nation. Pour Moni Della, ce regroupement ne doit pas être un simple front politique, mais une union sacrée des forces qui rejettent l'ingérence extérieure. Cet appel pressant est une réaffirmation que la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale doivent être la priorité absolue, un impératif qui surpasse les ambitions d'un ancien président jugé « amorphe, naïf [et] sans envergure ».
Guyvenant Misenge