Crise dans l'Est de la RDC : un tableau de la situation dans les territoires sous occupation

Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dans l'Est de la République Démocratique du Congo, sont confrontées à une crise sécuritaire et humanitaire d'une ampleur inédite. L'occupation de vastes territoires par la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a entraîné des conséquences directes sur les populations civiles, les infrastructures et l'économie locale. Ce 13 août, la rédaction présente les faits, sans prendre parti, pour brosser un tableau de la situation actuelle.
L'année 2025 a été marquée par une intensification du conflit, caractérisée par une avancée significative de l'AFC/M23. La prise de villes stratégiques comme Goma, Bukavu et Masisi a permis à la rébellion de contrôler des zones vitales, y compris des centres miniers et des routes d'approvisionnement. Cette expansion a eu pour conséquence directe de perturber la vie quotidienne des habitants, de paralyser l'économie et de limiter l'accès à l'aide humanitaire.
Les infrastructures essentielles, comme les aéroports de Goma et Kavumu, ont été affectées, créant des goulots d'étranglement pour l'acheminement des biens et du personnel humanitaire. Des banques ont été fermées, sur instruction du gouvernement, créant une asphyxie financière et empêchant les populations d'accéder à leurs fonds.
La Situation humanitaire
Les données des agences de l'ONU et des ONG décrivent une situation humanitaire catastrophique. Le nombre de personnes déplacées internes (PDI) a atteint des niveaux sans précédent, avec des millions de personnes contraintes de fuir leurs foyers. Ces déplacements massifs créent une pression énorme sur les villes d'accueil et les camps de réfugiés, où les conditions de vie sont souvent précaires.
Des rapports font état d'exactions et de violences contre les civils, notamment des femmes et des enfants. L'accès à la nourriture, à l'eau potable et aux soins de santé est compromis, et les maladies, dont le Mpox, se propagent. Des travailleurs humanitaires ont été tués et les incidents sécuritaires se multiplient, entravant gravement l'acheminement de l'aide d'urgence.
Le blocage du processus de paix
Malgré les tentatives de médiation, le processus de paix de Doha reste dans l'impasse. Un accord de principe a été signé en juillet 2025, établissant un cadre pour un cessez-le-feu et des négociations directes. Cependant, l'échec de la mise en œuvre de la feuille de route, notamment en ce qui concerne la libération des prisonniers, a ravivé la méfiance entre les parties.
Les FARDC et l'AFC/M23 continuent de s'accuser mutuellement de violations des accords et de provocations. Les affrontements sporadiques se poursuivent, malgré les appels de la communauté internationale à la retenue. La situation met en lumière la complexité des enjeux politiques et sécuritaires, ainsi que la fragilité de la paix dans une région déstabilisée par des décennies de conflit.
Guyvanant Misenge