Goma, deux mois d'agonie : Sous le joug rebelle, un cœur vibrant étouffe son cri

28 2025 - 11:07
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Goma, deux mois d'agonie : Sous le joug rebelle, un cœur vibrant étouffe son cri

Ce 28 mars 2025. L'air vibrant et chargé de l'énergie du lac Kivu, autrefois porteur des rires et des espoirs d'une cité bouillonnante, s'est épaissi d'une angoisse sourde. Deux mois. Deux longs mois se sont écoulés depuis que Goma, perle du Nord-Kivu, a basculé dans un cauchemar éveillé. Les griffes du M23, cette rébellion perfide alimentée par les desseins obscurs de Kigali, se sont refermées sur son cœur, transformant un centre névralgique d'échanges et de culture en une cicatrice béante sur le visage du Congo. Ici, où le soleil se levait jadis sur des avenues animées et des marchés colorés, règne désormais l'ombre tenace de la violence, la morsure lancinante de la faim et le poids insoutenable d'un abandon ressenti jusqu'aux tréfonds de l'âme.

Le calendrier local porte désormais la date fatidique du 27 janvier 2025 comme une blessure ouverte. Ce jour-là, après des semaines de râles sourds des armes crachant la mort dans les collines environnantes, les rebelles ont consommé leur funeste conquête. Les échos des témoignages des rescapés, recueillis au fil des jours dans un murmure de terreur, glacent le sang. Plus de trois mille vies fauchées, deux mille corps meurtris, des foyers éventrés par des pillages méthodiques, des femmes brisées par la barbarie des viols… Ces chiffres, froids et implacables, ne suffisent pourtant pas à traduire l'étendue du cataclysme, la détresse palpable d'une population livrée à un chaos qui défie toute description.

La mainmise du M23 a frappé Goma en son âme, paralysant les artères vitales de son existence. L'aéroport international, porte d'entrée et de sortie vers le monde, est un silence assourdissant de tarmac déserté. Les banques, autrefois temples de l'activité économique, sont des coquilles vides, figées dans une inertie glaciale. Les écoles, où bourgeonnaient les esprits de demain, sont réduites à des fantômes de savoir, leurs cours désespérément vides. Les services publics, garants du minimum vital, se sont éteints, laissant derrière eux un vide abyssal. La population, déjà marquée par des décennies de conflits larvés, se retrouve précipitée dans un abîme humanitaire d'une profondeur inédite, où la faim tenaille les estomacs et la peur étreint les cœurs.

Au milieu de ce désarroi, la voix d'Aimé Mukanda Mbusa, notable respecté et infatigable défenseur des droits humains, s'élève, chargée d'une amertume poignante. Ses mots, bruts et sincères, peignent la trahison ressentie : « Nous étions là, impuissants témoins. Tandis que nos vaillants Wazalendo, les FARDC, épaulés par la MONUSCO, les forces de la SADC, se battaient avec courage sur les lignes de front, l'ennemi, tel un serpent rampant, a surgi par la borne 13, en plein cœur de notre Goma. » Ces paroles, empreintes d'une douleur vive, résonnent comme un cri déchirant face à l'incompréhensible.

Les atrocités qui se déchaînent dans les rues de Goma ne font aucune distinction, frappant aveuglément les innocents. « Les gens meurent de faim sous nos yeux, nos jeunes sont arrachés à leurs familles pour être enrôlés de force dans les rangs de la rébellion, nos femmes, nos filles sont victimes d'une violence sexuelle abjecte », alerte Aimé Mukanda Mbusa, sa voix tremblant d'une émotion contenue. Il révèle également l'explosion de la criminalité, consécutive à l'évasion de plus de quatre mille détenus, désormais laissés à eux-mêmes dans ce chaos. Et dans cette spirale infernale, ceux qui osent encore lever la voix pour défendre les droits, les défenseurs eux-mêmes, vivent sous la menace constante, traqués pour leur humanité.

Dans ce tableau apocalyptique, un appel vibrant à l'aide s'élève, porté par les âmes meurtries de Goma et leurs courageux défenseurs. Leurs suppliques désespérées se tournent vers une communauté internationale qui semble regarder ailleurs. « Nous implorons une intervention urgente, une action décisive pour arracher notre ville des griffes de ces terroristes du M23. Il est hors de question de céder à la négociation avec de tels criminels, dont les mains sont tachées du sang de nos frères et sœurs », clame Aimé Mukanda Mbusa avec une force désespérée. À ce cri de détresse lancinant s'ajoute une requête vitale : la réouverture immédiate de l'aéroport, seul espoir d'évacuer les milliers de réfugiés terrifiés et d'acheminer l'aide humanitaire dont la survie de tant de vies dépend.

Aujourd'hui, alors que le soleil se lève sur un Goma blessé, deux mois après sa chute tragique, la situation demeure d'une désespérance poignante. La violence persiste, comme une fièvre maligne rongeant les derniers vestiges d'espoir. La crise humanitaire s'aggrave de jour en jour, creusant des sillons de souffrance sur les visages des habitants, trop longtemps laissés dans un silence assourdissant. L'urgence d'une intervention internationale, prompte et efficace, n'est plus une option, mais une nécessité vitale pour mettre un terme à ce cauchemar qui broie une ville et ses habitants. Il est temps que le monde entende le cri étouffé de Goma et lui offre enfin la promesse d'un retour à la paix, à la sécurité, à la vie.


Rédaction

newnarratifrdc Créé en 2023, New Narratif RDC est un média en ligne de l'Ets. Groupe New NARRATIF RDC. Dans son traitement d’informations, New NARRATIF RDC accorde l’importance à l’image positive de la République démocratique du Congo et de ses institutions en vue de pérenniser le «CHANGEMENT DE NARRATIF »