Gouvernement Suminwa II : Louis Watum aux Mines, l’homme qu'il fallait à la place qu'il fallait

Le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi a opéré un choix stratégique majeur en nommant Louis Watum Kabamba au poste de ministre des Mines. Dans un contexte où le pays s'apprête à prendre des décisions cruciales en matière d'investissements étrangers et d'exportations de cobalt, cette désignation, qui intervient après son court passage au ministère de l'Industrie, est perçue comme un signal fort envoyé aux acteurs du secteur minier mondial. Pour beaucoup, il s'agit d'une nomination attendue : un expert, enfin, à la tête d'un département vital.

Un parcours professionnel solide

Né le 22 mars 1962 à Kinshasa, Louis Watum Kabamba a consacré sa vie au secteur minier. Son expertise n'est pas théorique mais forgée sur le terrain. Après des études d'ingénieur en chimie industrielle à l'université de Lubumbashi, sa carrière débute en 1991 aux usines de Shituru, à Likasi. Il gravira ensuite les échelons au sein de compagnies de renommée internationale, occupant des postes de haute responsabilité.

De 2001 à 2005, il dirige les opérations de la mine d'or de Yatela au Mali pour AngloGold Ashanti. Il poursuit son parcours en RDC, notamment chez Moto Gold Mines dans le Haut-Uélé, puis chez Randgold Resources où il supervise l'exploitation de la mine d'or de Kibali. Son ascension le mène en 2014 à la direction générale des opérations d'Ivanhoe Mining et Kipushi Corporation, filiale de Rio Tinto. Son leadership est d'ailleurs reconnu et salué par des experts comme Zack Hartwanger, d'Open Mineral, qui le décrit comme "favorable à l'industrie minière", avec une "vision commerciale".

Son expertise sectorielle l'a également conduit à la présidence de la Chambre des Mines de RDC, une fonction où il a activement œuvré à la défense des intérêts de l'industrie.

Des défis colossaux sur la table

La nomination de Louis Watum intervient à un moment charnière pour le pays. Le nouveau ministre devra naviguer entre plusieurs enjeux majeurs :

- Le cobalt et l'industrialisation locale : Le Congo, premier producteur mondial de cobalt, fait face à une question centrale : prolonger ou non l'interdiction d'exporter ce métal brut, en vigueur depuis février et prolongée en juin. L'objectif est de favoriser la transformation locale. Selon les analystes, Watum pourrait soutenir la mise en place d'un système de quotas qui privilégierait les grands producteurs investissant dans la valorisation sur place, tout en permettant aux petits opérateurs de ne pas être exclus du marché.

- ⁠L'attractivité des investissements : Alors que la RDC est engagée dans des pourparlers pour attirer les investissements occidentaux dans ses gisements stratégiques (lithium, cuivre, étain), la crédibilité du ministère des Mines est essentielle. La longue expérience de Louis Watum en tant que dirigeant d'entreprise pourrait être un atout majeur pour rassurer les investisseurs et défendre des réformes favorables tout en exigeant une augmentation des retombées locales.

- ⁠Le contexte sécuritaire : La recrudescence des affrontements dans l'est du pays, notamment avec les rebelles du M23, rend plus complexe la gestion du secteur minier. Une partie du travail du ministre consistera à maintenir la stabilité et la transparence dans un environnement fragile, tout en soutenant le développement du secteur.

Sa carrière, marquée par un engagement total dans l'industrie et par une connaissance approfondie des mécanismes miniers, laisse penser que Louis Watum Kabamba est l'homme de la situation. Sa nomination semble mettre fin à une longue attente : celle de voir un professionnel aguerri prendre les rênes d'un ministère qui est, pour l'économie congolaise, plus qu'un simple portefeuille, mais une véritable pierre angulaire de son développement.

Guyvenant Misenge