Kisangani : La Tshopo exige des éclaircissements sur les 7,6 millions de dollars alloués à la relance de SOTEXKI

Après des mois de lutte menée par la Notabilité de la Tshopo, le dossier explosif de la Société Textile de Kisangani (SOTEXKI) prend une nouvelle ampleur. Les députés nationaux de la province joignent désormais officiellement leur voix pour exiger la transparence totale sur l'utilisation des fonds alloués à la relance de cette entreprise, véritable poumon économique régional.
La manœuvre la plus notable vient du Député national Théo Lotika, qui a récemment déposé une question orale avec débat adressée au tout nouveau Ministre d'État, Ministre de l'Industrie, Aimé Boji.
Bien qu'il soit fraîchement nommé à la tête du ministère de l'Industrie, le Ministre Boji ne peut se déclarer étranger au dossier SOTEXKI. Membre du gouvernement lors de la validation du plan de relance en 2022, il était en position de suivre les évolutions de ce projet crucial. Néanmoins, l'opacité qui entoure la gestion du Directeur Général, Glombert Loko, est si profonde que des "méandres" pourraient en effet échapper à l'attention du nouveau dirigeant.
L'enjeu est colossal : redonner vie à une société qui, depuis plus d'une décennie, est dans un état de faillite virtuelle, avec des travailleurs accusant 54 mois d'arriérés de salaire.
L'élément central de ce scandale réside dans la gestion de la première tranche de financement destinée à la relance, soit 7 669 462 dollars américains. Selon les accusations de la Notabilité de la Tshopo, ces fonds auraient été « utilisés, au mieux dilapidés » par le DG Loko dans une « opacité incalculable ».
Les justifications fournies par le Directeur Général peinent à convaincre, surtout après l'analyse minutieuse du rapport financier par la Notabilité en juin 2025. Cette dernière a relevé des écarts et anomalies considérables, pointant du doigt des dépenses qui n'avaient manifestement rien à voir avec l'objectif premier : relancer la production.
Parmi les dépenses les plus choquantes, on note :
- Le paiement de décomptes des administrateurs pour 1 200 000 USD.
- Des frais de réhabilitation de bureaux et d'habitations s'élevant à 150 000 USD.
- Des frais de mission à Kinshasa pour le DG et son directeur d'approvisionnement totalisant 75 000 USD.
- Une « réparation de pompe à eau »évaluée à 75 000 USD.
Ces chiffres, considérés comme de la dilapidation d'argent public destiné à l'outil de production, sont au cœur des interrogations que devra lever le Ministre Boji devant la Représentation nationale.
Pendant que la société est à l'arrêt, que les caisses des travailleurs sont vides et que les justifications de la première tranche sont contestées, le DG Loko fait activement pression. Il a été dénoncé pour avoir mobilisé la presse et certains députés provinciaux pour faire pression sur la Première Ministre afin d'obtenir la deuxième tranche de 5 000 000 USD.
Selon la Notabilité, seule leur vigilance et l'alerte rapide lancée à la Cheffe du Gouvernement auraient permis de déjouer ce qu'ils qualifient de « complot grave », évitant ainsi que le DG « n'aurait déjà bouffé cet argent ».
Avec l'entrée en scène des députés nationaux, le dossier SOTEXKI est désormais placé sous les projecteurs du Parlement. La Tshopo attend désormais des réponses claires du gouvernement sur l'état réel de cette relance avortée et, surtout, des sanctions contre ceux qui ont géré les millions destinés à l'espoir de toute une province.
La question est simple : qui est responsable du naufrage de la première tranche, et le gouvernement permettra-t-il que la deuxième tranche subisse le même sort ?
Rédaction