RDC : La sortie controversée de Bertrand Bissimwa jette un froid sur le processus de paix
 
                                Alors que des pourparlers délicats se tiennent à Doha entre les émissaires de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23) et des médiateurs régionaux, une déclaration explosive de Bertrand Bissimwa, chef politique du M23, vient semer le trouble et alimenter les craintes d’une nouvelle impasse dans le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC).
Dans une interview accordée à un média régional ce week-end, Bissimwa a déclaré : « Nous n’avons pas besoin d’entrer dans le gouvernement congolais ni dans l’armée congolaise. Nous discutons à Doha pour construire une nouvelle armée, une armée capable de sécuriser les Congolais et défendre le territoire national. »
Ces propos, tenus alors que les discussions officielles manquent de transparence, marquent un tournant radical dans la posture du M23/AFC. Ils s’opposent clairement aux mécanismes mis en œuvre à Nairobi et Luanda, basés sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) des groupes armés.
Pour plusieurs observateurs, cette déclaration s’apparente à une tentative de contournement des institutions nationales. « C’est un discours sécessionniste déguisé, » analyse un expert en sécurité basé à Goma. « En refusant l’armée nationale tout en prétendant défendre le pays, le M23 prend une posture dangereusement parallèle. »
Les négociations en cours à Doha sont supervisées par le Qatar, avec une implication discrète de certains partenaires internationaux. Aucune communication officielle n’a été faite sur leur avancement. Cependant, des sources proches du dossier évoquent une proposition du M23/AFC pour une solution fédérale, voire confédérale, avec une force armée autonome.
Ce scénario remettrait en cause les fondements de l’unité nationale. Jusqu’à présent, Kinshasa ne s’est pas exprimée officiellement ni sur les négociations de Doha ni sur les déclarations de Bissimwa.
L’idée d’une « armée parallèle » dans l’Est du pays n’est pas nouvelle. En 2013 déjà, les tentatives de réintégration des ex-combattants du M23 s’étaient soldées par des échecs. Mais cette fois, la situation semble plus structurée. L’AFC/M23, alliée présumée de l’armée rwandaise selon plusieurs rapports onusiens, administre des territoires dans le Nord-Kivu, perçoit des taxes et gère des services publics.
Pour beaucoup, il ne fait plus de doute qu’un pouvoir parallèle est en train de se mettre en place dans l’Est congolais.
Face à cette nouvelle escalade verbale, les autorités congolaises sont attendues au tournant. La société civile, particulièrement active dans le Nord-Kivu, exprime son inquiétude.
« Le silence de Kinshasa est inquiétant. Il s’agit d’une attaque frontale contre l’unité nationale. On ne négocie pas la souveraineté, » a déclaré un leader associatif local.
Alors que la RDC traverse une période critique marquée par des tensions sécuritaires, économiques et politiques, la sortie de Bertrand Bissimwa risque d’alimenter davantage les incertitudes autour du processus de paix et de raviver les tensions sur le terrain.
Gracieux Bazege
 
                             
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
                                                                                                                                             
                                                                                                                                             
                                                                                                                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                             
                                            