RDC : Un remaniement en vue, pour un gouvernement à l'échelle des ambitions nationales ?

L'air de Kinshasa bruisse de rumeurs, celles d'un remaniement ministériel imminent. Et pour cause : l'actuel gouvernement, dirigé par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka et ses 54 membres, est une équipe jeune, en place depuis juin 2024. Mais pour de nombreux observateurs, elle paraît déjà trop imposante pour les défis qui attendent le pays. Trop de ministres, cela peut signifier plus de dépenses, mais aussi une dilution des responsabilités, et donc moins d'efficacité. Face à cette réalité, des voix s'élèvent pour proposer une réorganisation audacieuse : simplifier l'exécutif en supprimant ou en fusionnant une douzaine de portefeuilles jugés redondants ou peu performants.
Un gouvernement plus léger pour une meilleure gouvernance
L'idée est simple, mais puissante : une bonne gouvernance, celle qui sert vraiment les citoyens, passe par une équipe plus agile, moins gourmande en ressources et plus productive. C'est une question de bon sens, surtout dans un pays où chaque franc compte et où les défis sont immenses.
- Voici ce que les analystes suggèrent, point par point, pour un exécutif plus efficace :
Le Ministère de la Jeunesse : Pourquoi ne pas confier ses missions au Ministère de l'Éducation nationale ? Après tout, l'éducation est déjà le premier pas vers l'épanouissement des jeunes. - Le Ministère du Développement rural : Est-il vraiment utile, alors que le pays dispose déjà des Ministères du Plan et des Infrastructures ? Mieux vaut regrouper ces compétences pour une action plus forte sur le terrain.
- Le Ministère de l'Aménagement du territoire : Un doublon avec les Ministères des Affaires foncières et de l'Urbanisme et habitat ? Certains proposent même de fusionner ces deux derniers pour plus de cohérence.
- Le Ministère de l'Intégration régionale : La diplomatie relève du Ministère des Affaires étrangères. Inutile de disperser les efforts.
- Le Ministère de la Formation professionnelle : Encore une fois, le Ministère de l'Éducation nationale pourrait très bien englober cette mission essentielle.
- Pêche, Élevage et Agriculture : Ces secteurs sont liés. Il est suggéré de créer un seul et puissant Ministère de l'Agriculture, Pêche et Élevage pour développer les ressources naturelles de manière intégrée.
- Les Ministres Délégués et Vice-Ministres : Plusieurs postes de ministres délégués ou vice-ministres sont ciblés, comme celui chargé de la Coopération internationale et Francophonie ou de la politique de la ville, ainsi que le vice-ministre des Affaires coutumières. L'idée est simple : alléger la facture et simplifier l'organigramme en confiant ces rôles aux ministères de tutelle.
- L'Énergie : Il est proposé de rassembler les Ressources hydrauliques et électricité avec les Hydrocarbures sous un seul Ministère de l'Énergie. C'est logique et plus efficace pour penser l'avenir énergétique du pays.
- Recherche scientifique et Enseignement Supérieur : Séparer la Recherche scientifique de l'Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU) est jugé incompréhensible. Il est préconisé de les réintégrer pour favoriser l'innovation et la formation des élites.
- Personnes vivant avec handicap : Le Ministère des Affaires sociales est le mieux placé pour s'occuper pleinement de cette mission cruciale, sans avoir besoin d'un ministre délégué.
Ces propositions, même si elles peuvent paraître audacieuses, lancent un débat essentiel sur la manière dont l'État est structuré et comment il dépense l'argent public. Dans un pays qui cherche à se relever et à offrir un meilleur avenir à ses citoyens, chaque dépense doit être justifiée et chaque fonction utile.
Le gouvernement de la Première Ministre Suminwa est jeune, mais la population attend des résultats concrets. Si un remaniement est à l'ordre du jour, il doit être plus qu'un simple jeu de chaises musicales. Il doit être l'occasion de remettre la performance au centre des préoccupations et de rationaliser l'appareil d'État. C'est le prix à payer pour construire une RDC plus forte, plus efficace et plus proche des aspirations de sa population.
Guyvanant Misenge