Beni : La MONUSCO dément avoir versé de l'argent pour son installation à Mbau, les leaders communautaires menacés

L'installation récente d'un contingent de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) à Malehe, un quartier du village de Mbau, chef-lieu du secteur de Beni-Mbau (Nord-Kivu), a suscité de vives spéculations et des rumeurs alarmantes. Parmi celles-ci, l'accusation persistante selon laquelle l'arrivée de la MONUSCO serait systématiquement suivie d'une recrudescence des tueries.
Plus grave encore, des bruits ont circulé affirmant que des leaders communautaires et chefs coutumiers locaux auraient perçu des sommes d'argent, assimilables à de la corruption, en échange de leur facilitation pour l'entrée des casques bleus dans la région.
Ces rumeurs infondées ont eu des répercussions directes et dangereuses sur les personnes indexées. Devenus la cible de menaces, notamment de la part de certains habitants locaux qui les accusent de trahison, ces leaders se retrouvent dans une situation précaire.
Face à la gravité de cette situation, les leaders communautaires ont rapidement réagi. Ils ont multiplié les efforts de sensibilisation pour apaiser les tensions et rétablir la vérité. « La menace diminue peu à peu au sein de la communauté. Nous continuons à expliquer à la population que personne n'a reçu d'argent pour permettre l'installation de la MONUSCO ici. Il faut dire tout simplement que la MONUSCO est un partenaire du gouvernement qui vise à renforcer la sécurité », a affirmé Dalmas Nzingene, leader communautaire local et premier rapporteur de la société civile du secteur de Beni-Mbau.
Sur le terrain, certains membres de la communauté expriment leur scepticisme quant à l'efficacité de la force onusienne. « Depuis que cette force est ici, plus de 20 ans, les pauvres citoyens continuent à perdre leurs vies. Seuls les éléments de la Brigade d'Intervention (FIB) qui affrontaient les ADF, sont devenus inactifs aujourd’hui », s'est indigné un citoyen de Mbau.
Cependant, la MONUSCO, par la voix de Jean Tobie Okala, Chef de la section des communications stratégiques et de l'information publique pour l'Ituri et le Grand Nord-Kivu, a apporté des éclaircissements cruciaux. Il a précisé que le déploiement à Mbau et à Mukoko, près d'Oicha, s'est effectué sur demande expresse du Commandant des opérations Sukola 1 et de l'administrateur militaire du territoire de Beni.
« Suite à l'avancée du M23 vers Lubero, presque toutes les troupes FARDC qui étaient positionnées sur l'axe Mavivi-Eringeti avaient été dépêchées pour y renforcer les lignes de front. Ce sont d'ailleurs les autorités [congolaises] qui avaient montré à la MONUSCO les terrains qu'elle devait occuper », a expliqué Jean Tobie Okala, coupant court aux allégations d'une installation autonome.
Pour M. Okala, toutes les accusations portées contre les leaders communautaires et chefs coutumiers de Mbau sont catégoriquement fausses. « La MONUSCO n'agit pas seule. Elle travaille en étroite collaboration avec l’État congolais. Le but, c’est d'appuyer l’armée et la police dans la protection des civils dont les vies sont en danger », a-t-il insisté. Il a par la suite appelé les populations à collaborer avec toutes les forces sur le terrain, à savoir les FARDC, la PNC (Police Nationale Congolaise) et la MONUSCO, pour une meilleure sécurisation de la région.
Samuel Kitha