RDC : le procès de Kabila jugé incohérent face aux efforts de paix dans l’Est
L’ouverture du procès visant l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, suscite une vive controverse dans le paysage politique congolais. Pour Aubin Minaku, vice-président du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), cette procédure judiciaire constitue une véritable entrave aux dynamiques diplomatiques en cours pour résoudre la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays.
Dans un interview à la Radio France Internationale, Aubin Minaku a réagi fermement à l’annonce du procès. Selon lui, cette démarche judiciaire est non seulement inattendue, mais surtout en totale contradiction avec les nombreuses initiatives diplomatiques déployées pour rétablir la paix dans la région.
« L’ouverture de ce procès n’est pas une surprise en soi, mais elle s’inscrit en faux avec les efforts diplomatiques actuels. On parle de Doha, de l’implication des États-Unis, des déclarations de principes signées, du processus mené par l’Union africaine… Tout cela converge vers une sortie de crise, et pendant ce temps, on lance un procès contre un acteur clé de cette paix », a-t-il déclaré.
L’ancien chef de l’État, qui n’a jusqu’ici pas réagi personnellement à cette procédure, est décrit par ses proches comme fortement engagé dans la recherche de solutions durables pour le retour de la paix dans les provinces orientales. Selon Minaku, Kabila œuvre depuis plusieurs semaines en faveur d’un règlement politique de la crise, ce qui rend la procédure actuelle d’autant plus déroutante.
« Appuyer sur la pédale d’une poursuite judiciaire infondée crée une incohérence stratégique et gêne nécessairement le processus de paix », a insisté le vice-président du PPRD.
En signe de désapprobation, le parti de Joseph Kabila a annoncé qu’il ne désignera pas d’avocats pour sa défense. Une manière, selon Minaku, de ne pas « légitimer une procédure que nous jugeons politiquement orientée ».
Ce refus d’entrer dans le jeu judiciaire pourrait néanmoins ouvrir la voie à des complications supplémentaires dans un climat politique déjà tendu.
À travers cette affaire, une question plus large semble se poser : la RDC souffre-t-elle d’un déficit stratégique dans la gestion de la crise à l’Est ? Pour de nombreux observateurs, le timing de ce procès pourrait compromettre les avancées diplomatiques déjà obtenues et accentuer la méfiance entre les différentes parties impliquées dans le processus de paix.
Alors que les regards sont tournés vers les efforts menés à l’international pour ramener la stabilité dans la région, ce procès pourrait bien venir brouiller les cartes.
Christian Mutombo Mbala
