Nord-Kivu : Le Parlement des jeunes de Beni exige le remplacement immédiat de SUKISA Ndayambaje Joseph à la tête du P-DDRCS
Le Parlement des jeunes de la ville de Beni s’indigne de la récente nomination de SUKISA Ndayambaje Joseph, présenté comme un ancien cadre des FDLR, à la tête de la coordination du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) dans le Nord-Kivu. Cette structure juvénile dénonce une décision dangereuse et exige, sans condition, son remplacement immédiat.
Dans une déclaration rendue publique ce jeudi à Beni, le Parlement des jeunes fustige le choix du gouvernement central d’affecter un homme « au passé controversé » à la tête d’un programme aussi stratégique censé contribuer à la pacification de la région.
Selon les informations livrées par cette structure, SUKISA Ndayambaje Joseph, de nationalité rwandaise, serait un ancien collaborateur notoire de plusieurs figures des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), notamment le défunt commandant Sylvestre Mudacumura, le général Pacifique Ntawunguka alias Omega, et Gakwerere Ezechiel, capturé en mars 2025.
Toujours selon ces jeunes, il aurait été infiltré à Goma comme président des motards pour couvrir des opérations de surveillance économique, de recrutement et de liaison entre les groupes armés locaux et les FDLR. Sa proximité avec certains réseaux politiques et militaires lui aurait permis d’obtenir des fonctions administratives à Masisi et Walikale, notamment en lien avec l’ex-président Joseph Kabila via son épouse, Olive Lembe.
L’arrivée de SUKISA à la tête du P-DDRCS/Nord-Kivu serait le fruit d’un lobbying discret mené par l’entremise de Mamy Alili Tshibangu, sœur du général John Tshibangu, influente dans la coordination nationale du P-DDRCS. Des sources avancent que cette dernière aurait facilité son introduction dans les hautes sphères, jusqu’au cabinet du président Félix Tshisekedi.
Le Parlement des jeunes de Beni s’interroge : le chef de l’État et le coordonnateur national du programme, le professeur Jean de Dieu Ntanga Ntita, sont-ils réellement informés des implications de cette nomination ?
Cette désignation arrive à un moment délicat, alors que la RDC vient de signer à Washington un accord visant l’éradication des groupes armés, notamment les FDLR, dont la présence est utilisée par Kigali pour justifier ses incursions en territoire congolais. Pour les jeunes de Beni, installer un ancien FDLR comme coordonnateur dans le Grand Nord, notamment à Beni-Butembo-Lubero, revient à « torpiller » le processus de paix.
Ils redoutent également une rupture de confiance avec la MONUSCO et d’autres partenaires internationaux, ainsi que le retour des discours hostiles à la mission onusienne, qui pourraient être nourris par la présence d’un tel personnage.
Le vice-gouverneur indexé
Le Parlement des jeunes ne décolère pas non plus contre le vice-gouverneur du Nord-Kivu, qu’il accuse d’avoir « sali ses mains » en recevant officiellement SUKISA dans son bureau, malgré les avertissements et les soupçons qui planent sur ce dernier.
Des menaces d’actions citoyennes
Face à ce qu’ils considèrent comme une provocation, les jeunes de Beni préviennent : si les autorités provinciales et nationales ne procèdent pas rapidement au remplacement de SUKISA Ndayambaje Joseph, ils se réservent le droit de lancer des actions citoyennes de grande envergure.
« Cette nomination jette l’opprobre sur les agents du P-DDRCS de la région, qui continuent de travailler depuis plus de 30 mois sans être pris en charge », déplore Katembo Don Sekanabo, président du Parlement des jeunes. Pour lui, cette décision met également en péril la sécurité de l’intéressé lui-même.
Juvénal Bulemo
