Face aux diversions, le “nouveau narratif” congolais s’affirme comme une conquête de dignité
Dans un contexte de guerre d’influence et de désinformation croissante, la République Démocratique du Congo semble de plus en plus décidée à reprendre le contrôle de son image et de son récit. C’est ce qu’incarne ce que le gouvernement appelle désormais le nouveau narratif congolais, une vision politique et communicationnelle portée par le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, et qui s’impose progressivement comme un pilier de la souveraineté nationale.
Loin d’un simple slogan, ce concept se veut une orientation idéologique. Il défend l’idée d’un Congo qui ne se définit plus à travers les prismes du conflit ou de la misère, mais à travers ses forces, ses ressources et son rôle mondial.
Le “nouveau narratif” met en avant une RDC consciente de sa valeur : deuxième réserve écologique mondiale grâce au bassin du fleuve Congo et à sa forêt équatoriale, poumon vert de la planète, et puissance stratégique pour la transition énergétique mondiale, grâce à ses métaux rares (cobalt, coltan, lithium).
“Il ne s’agit plus de subir le regard des autres, mais de s’imposer comme un pays solution, au centre des enjeux écologiques, technologiques et diplomatiques mondiaux”, explique un analyste proche du ministère de la Communication.
Le nouveau narratif puise aussi sa légitimité dans la mémoire des souffrances congolaises, marquées par des décennies de conflits et de drames humains. Cette mémoire devient, dans ce discours, une force morale et une légitimité historique, donnant au pays une voix singulière dans les débats internationaux sur la paix et la justice.
Cette dynamique s’appuie également sur la jeunesse congolaise, majoritairement âgée de moins de 25 ans, présentée comme la clé de la renaissance nationale. “Cette jeunesse n’est pas un poids, mais une promesse”, martèle le narratif gouvernemental, misant sur l’innovation, la créativité et l’entrepreneuriat comme moteurs de développement.
Sur le plan sécuritaire, cette nouvelle orientation s’aligne avec les réformes entreprises sous la présidence de Félix Tshisekedi : la loi de programmation militaire, la création de la Réserve armée de défense (RAD), la revalorisation des soldes et l’équipement moderne des FARDC.
Ces initiatives traduisent une volonté de restaurer la puissance régalienne de l’État et de replacer la défense nationale au cœur du projet de souveraineté.
Face aux campagnes de manipulation attribuées à Kigali et à certains relais internes, Kinshasa oppose désormais une “riposte narrative” structurée.
Le ministère de la Communication se positionne comme un bouclier contre la désinformation, affirmant la vérité congolaise face à ce que les autorités qualifient d’“empire du mensonge”.
“Le Congo ne se taira plus”, avait déclaré Patrick Muyaya lors d’une récente sortie médiatique. “Nous devons dire qui nous sommes, ce que nous valons, et ce que nous voulons.”
Cette nouvelle posture se traduit également sur la scène internationale. Sous le leadership du président Félix Tshisekedi et la coordination de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, la RDC a renforcé sa présence au sein des instances mondiales :
- Membre du Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine,
- Vice-présidente et rapporteure du Conseil des droits de l’homme de l’ONU,
- Et bientôt membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la période 2026-2027.
Autant de signes d’un retour affirmé de la RDC sur l’échiquier diplomatique, porté par une diplomatie du respect et de la responsabilité.
En somme, le nouveau narratif congolais n’est pas une campagne de communication, mais une affirmation identitaire : celle d’un peuple qui refuse désormais d’être défini par d’autres.
Face aux discours de diversion et aux manipulations, la RDC choisit la dignité comme boussole.
Gracieux Bazege
