La RDC renforce sa crédibilité financière en rejoignant l'ESAAMLG

La République Démocratique du Congo (RDC) a franchi une étape décisive en devenant officiellement membre à part entière du Groupe Anti-Blanchiment de l’Afrique Orientale et Australe (ESAAMLG). Cette adhésion, formalisée du 22 au 30 août 2025 à Addis-Abeba, en Éthiopie, marque un tournant stratégique pour le pays. C'est un signal fort envoyé à la communauté internationale, témoignant de son engagement à assainir son système financier et à lutter contre la criminalité financière transfrontalière, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
L'intégration de la RDC à l'ESAAMLG est l'aboutissement de plusieurs années de réformes profondes et continues. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre du processus visant à sortir de la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI). Les autorités congolaises ont modernisé leur cadre juridique et institutionnel, renforcé les capacités de la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CENAREF) et amélioré la coordination entre les différentes parties prenantes.
Cette dynamique a été portée par une volonté politique forte. Le Directeur de Cabinet du Ministre des Finances, M. Alain Malata, a représenté la RDC à Addis-Abeba. Dans son discours, il a salué l'adhésion en affirmant qu'elle « est un gage de confiance de la communauté internationale envers les réformes engagées par notre pays. » Le leadership technique de M. Adler Kisula Betika Yeye, Secrétaire Exécutif de la CENAREF, a également été déterminant. Sa maîtrise des standards du GAFI a contribué à convaincre les autres États membres de la solidité de la candidature congolaise.
Des bénéfices multiples et concrets
En tant que membre à part entière, la RDC bénéficiera de plusieurs avantages stratégiques qui renforceront directement ses capacités et sa position sur la scène internationale :
- Accès à l'expertise : L'adhésion offre un cadre structuré pour l’assistance technique et l’échange d’expertise, permettant à la RDC d'apprendre des meilleures pratiques régionales.
- Alignement international : La participation aux mécanismes d’évaluation mutuelle est cruciale pour aligner les pratiques nationales aux standards exigeants du GAFI.
- Capacités opérationnelles accrues : Les institutions nationales en charge de la lutte contre les crimes financiers verront leurs capacités renforcées grâce à des formations spécialisées et des ressources partagées.
- Coopération renforcée : La RDC aura un accès facilité aux réseaux de coopération inter-agences et aux cellules de renseignements financiers des autres États membres, ce qui est indispensable pour combattre les flux financiers illicites qui ne connaissent pas de frontières.
Dans un contexte où la criminalité financière transfrontalière est en forte augmentation, cette intégration constitue une étape essentielle vers une plus grande transparence financière et une meilleure gouvernance. Elle consolide la crédibilité du pays auprès des partenaires internationaux, une condition indispensable pour attirer les investissements et accéder à l’assistance technique multilatérale.
La route est tracée, les défis restent entiers
L'adhésion à l'ESAAMLG marque la détermination de la RDC à se positionner parmi les nations engagées dans la lutte contre la criminalité financière. Mais cette étape n'est que le début. Le principal défi sera de maintenir les standards internationaux et de concrétiser les bénéfices annoncés pour bâtir un système financier transparent et stable.
Guyvenant Misenge