L'IA au service du Journalisme : Le Réseau Panafricain des Journalistes RDC organise une conférence enrichissante à Kinshasa 

Le Réseau Panafricain des Journalistes (RPJ), section RDC, a organisé ce samedi 12 juillet 2025 à Silikin Village, un atelier-conférence-débat d'une grande pertinence autour du thème crucial : "Intelligence Artificielle et Journalisme". Cette assise scientifique a réuni de nombreux journalistes de Kinshasa et a bénéficié de l'éclairage d'intervenants de marque : le Professeur Pierre N’sana, le Professeur Claude Mukeba Koloshi, et le Directeur Général de l’Agence Congolaise de Presse (ACP), Bienvenu Marie Bakumania. La modération du débat était assurée par le Chef de Travaux Obul Okwesse.

Ouvrant la série des interventions, le Professeur Claude Mukeba Koloshi a exposé sur la relation entre le journaliste, les sources et l’Intelligence Artificielle. Pour ce spécialiste des Sciences de l'Information et de la Communication (SIC), la relation fondamentale entre le journaliste et sa source a toujours été primordiale. Avec l'avènement de l'IA, cette vigilance doit être accrue. Il a insisté sur le risque de désinformation ou de mésinformation que des sources mal intentionnées pourraient propager via l'IA, et la nécessité pour le journaliste de ne pas se laisser entraîner malgré lui dans cette diffusion. Cependant, le professeur a également souligné que l'IA offre déjà de nombreux mécanismes de vérification et d'analyse au service des professionnels des médias.

Le Directeur Général de l’ACP, Bienvenu Marie Bakumania, a partagé l'expérience de son institution avec l'IA. Il a affirmé l'importance de cette technologie dans l'exercice du métier d'agencier (journaliste d'agence de presse). L'IA est utilisée à l'ACP pour détecter les infox, servir d'alerte sur les événements nationaux et internationaux, faciliter la traduction multilingue, et aider à la classification et à l'orientation des dépêches vers les cibles appropriées. Pour le DG Bakumania, l'IA doit être perçue comme un outil d'assistance pour le journaliste. Il a rappelé qu'à l'heure de la saturation informationnelle, l'agencier demeure une source d'information crédible et fiable.

De son côté, le Professeur Pierre N’sana a invité les journalistes à une cohabitation inévitable avec l'IA. Selon lui, il ne s'agit pas d'un combat contre l'IA, mais plutôt d'un engagement perpétuel avec elle. Il a encouragé l'adoption d'un journalisme augmenté ou d'un journalisme algorithmique, soulignant la nécessité de s'adapter aux évolutions technologiques.

Le Réseau Panafricain des Journalistes (RPJ) est présent dans 15 pays africains, incluant l'Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la République du Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Guinée Conakry, la Guinée Équatoriale, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Sénégal, le Togo et la Tunisie. Cette ONG a pour objectif de promouvoir l'émergence d'une presse citoyenne sur le continent, avec un comité national dirigeant dans chaque pays membre.

• L'atelier a abouti à des recommandations claires destinées aux journalistes :
  Ne pas accorder une confiance aveugle à l'IA.
• Ne pas se laisser orienter ou guider de manière exclusive par l'IA.
• Ne jamais trahir l'éthique et la déontologie journalistique, et utiliser les IA comme de simples outils, au même titre qu'un stylo, du papier, un micro ou une caméra.

Une recommandation spécifique a été adressée aux professeurs de l'UNISIC, les incitant à introduire les enseignements sur l'IA au sein des programmes universitaires, au même titre que les techniques de collecte d'informations.

Cette assise scientifique s'est déroulée dans la satisfaction générale des participants, témoignant de l'importance croissante de ces discussions pour l'avenir du journalisme en RDC et sur le continent africain.

Guyvanant Misenge