Massacres à Rutshuru : Volker Türk dénonce l’horreur des tueries commises par le M23 au Nord-Kivu

La communauté internationale s’alarme une fois de plus face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce mercredi 6 août, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a vivement condamné les tueries perpétrées en juillet par les rebelles du M23 dans le territoire de Rutshuru. Le bilan est glaçant : au moins 319 civils assassinés, dont des femmes et des enfants.
« Je suis consterné par les attaques contre les civils perpétrées par le M23 et d’autres groupes armés dans l’est de la RDC (…). Toutes les attaques contre les civils doivent cesser immédiatement et tous les responsables doivent rendre des comptes », a déclaré Volker Türk dans un communiqué officiel.
Les faits se sont produits dans quatre villages du groupement de Binza, au cœur de la chefferie de Bwisha, où des agriculteurs locaux ont été abattus alors qu’ils travaillaient dans leurs champs. Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme évoque une attaque planifiée et d’une violence extrême, menée au cœur de la saison des semences.
Selon les données disponibles, 48 femmes et 19 enfants figurent parmi les victimes. Le mode opératoire rappelle les précédentes exactions commises par le M23, souvent soutenu selon plusieurs sources locales par des éléments de l’armée rwandaise.
Les combats se sont intensifiés sur l’axe Kiseguru–Nyamilima, à proximité du parc national des Virunga, une zone convoitée à la fois pour son potentiel stratégique et ses ressources naturelles. En plus des civils, les rebelles ont aussi ciblé des positions tenues par les FDLR, groupe armé rwandais hostile au M23.
Cette offensive meurtrière intervient en violation flagrante du cessez-le-feu signé à Doha, un accord censé apaiser les tensions dans la région. Mais sur le terrain, le silence des armes reste une illusion.
Face à la terreur, des milliers de familles ont été contraintes de fuir. Les habitants de Nyabanira, Kasave, Makoka et des villages environnants ont trouvé refuge dans les localités plus stables de Kisharo, Nyamilima, Kiwanja, ou encore dans le groupement voisin de Busanza, notamment à Kakondo et Shinda.
Les acteurs humanitaires redoutent une aggravation de la crise, déjà critique. Les infrastructures d’accueil sont saturées, et les besoins en vivres, abris et soins sont criants.
Volker Türk appelle la communauté internationale à agir sans tarder pour mettre fin à l’impunité dans la région. Selon lui, la protection des civils doit devenir une priorité absolue, et les auteurs de crimes de guerre doivent être poursuivis devant les juridictions compétentes.
« La justice est une condition essentielle pour espérer une paix durable dans l’est de la RDC », a insisté le Haut-Commissaire.
Alors que les efforts diplomatiques piétinent, les habitants de Rutshuru paient le prix fort d’un conflit qui ne cesse de s’enliser. Le silence de la communauté internationale face à ce nouveau carnage pourrait être interprété comme une forme de complicité. Il est temps d’agir.
Gracieux Bazege