Nord-Kivu : le commandant ougandais des opérations Shujaa propose la création des unités locales de défense pour protéger les civils

Le nouveau commandant ougandais des opérations Shujaa, menées conjointement avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) depuis novembre 2021, a recommandé à la RDC de créer des unités locales de défense destinées à protéger les civils dans les villages situés en zones opérationnelles.
Cette proposition a été faite par le général-major Stephen Mugerwa à l’issue d’une audience de civilités que lui a accordée, le mardi 7 octobre à Beni, le gouverneur militaire du Nord-Kivu. Le haut gradé ougandais a expliqué avoir suggéré au chef de l’exécutif provincial de soumettre cette idée à sa hiérarchie, estimant que cette stratégie avait déjà fait ses preuves en Ouganda lors de la lutte contre les rebelles de la LRA.
Pour le général Mugerwa, ces unités locales de défense serviraient à protéger les villages pendant que les FARDC et l’UPDF poursuivent leurs opérations « en profondeur » contre les rebelles ADF.
« Quand nous frappons l’ennemi en profondeur, il nous contourne et revient attaquer les civils. Mais si nous laissons derrière nous des unités locales de défense, tout ira bien », a-t-il expliqué.
Le commandant ougandais a également rassuré sur la bonne collaboration entre les deux armées, soulignant que les opérations conjointes contre les ADF se déroulent dans un climat de coordination parfaite.
« Nous coordonnons ensemble, nous mangeons ensemble, nous marchons ensemble, nous endurons ensemble. Je demande à la population congolaise d’être calme : nous allons en finir avec cette guerre », a-t-il ajouté.
Selon Cyrille Mbugheki, ancien collaborateur d’Antipas Mbusa Nyamwisi cité par nos d’Actualite.cd, les Local Defense Units (LDU) avaient permis au régime de Yoweri Museveni de mater plusieurs insurrections dans les années 1990, notamment celle de la LRA. Ces unités étaient composées de volontaires villageois, formés et armés sous contrôle de la police, chargés de renseigner les autorités et défendre leurs localités.
« Si à Ntoyo il y avait deux ou trois armes, les ADF n’auraient pas commis ce qu’ils ont fait », estime Mbugheki, en référence au massacre de plus de 70 civils début septembre dans le secteur des Bapere, au Nord-Kivu.
La proposition du général Mugerwa rejoint des idées similaires formulées par certains intellectuels congolais. Le professeur Muhindo Mughanda, alors enseignant à l’Université officielle de Rwenzori, avait déjà plaidé pour l’armement des citoyens afin de dissuader les attaques rebelles.
Mais cette approche avait été critiquée par le professeur Nissé Mughanda de l’Université catholique du Graben, qui soulignait le risque de prolifération incontrôlée des armes dans une région déjà instable.
La RDC avait pourtant tenté d’instaurer une solution similaire en 2023 avec la Réserve armée de la défense, censée regrouper des militaires retraités, démobilisés et civils volontaires connus sous le nom de Wazalendo pour soutenir les FARDC.
Mais cette initiative peine à se concrétiser dans le Nord-Kivu, notamment faute d’un cadre de formation et d’encadrement adéquat.
Gracieux Bazege