RDC : Amnesty International dénonce les atrocités commises par toutes les parties au conflit dans l’Est

Amnesty International a publié ce mercredi un rapport accablant intitulé « Ils nous ont dit qu’on allait mourir », dans lequel l’organisation documente les atrocités subies par les populations civiles dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, théâtre de la guerre opposant les rebelles de l’AFC/M23 aux forces gouvernementales et à leurs alliés wazalendo.
Selon Amnesty, les civils vivent sous la menace constante d’exécutions sommaires, d’attaques contre les hôpitaux, d’enlèvements de patients et d’actes de torture. L’organisation a recueilli des témoignages effroyables, notamment de survivantes de violences sexuelles. Sur 14 femmes rencontrées, huit ont déclaré avoir été violées collectivement par des combattants du M23, cinq par des wazalendo et une par des soldats des FARDC.
« Dans l’est de la RDC, les femmes ne sont en sécurité nulle part : elles sont violées chez elles, dans les champs ou dans les camps où elles cherchent refuge. Il faut que le monde dise stop », a dénoncé Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
Amnesty International appelle le président congolais Félix Tshisekedi à honorer son engagement en matière de justice et à traduire en justice les combattants wazalendo coupables de violations des droits humains. L’ONG demande également la démobilisation et la réintégration dans la vie civile des autres miliciens.
Le Rwanda, considéré comme partie prenante au conflit en raison de la présence de ses troupes en RDC, est exhorté à contraindre ses forces à respecter le droit international humanitaire. « La brutalité des parties belligérantes ne connaît aucune limite. Ces atrocités visent à punir, intimider et humilier les civils », souligne Tigere Chagutah.
Composés d’anciens miliciens autrefois combattus par l’État, les wazalendo combattent aujourd’hui aux côtés des FARDC contre l’AFC/M23. Mais leur présence dans les provinces de l’Est est loin de rassurer les populations. Ils sont accusés de meurtres, d’instauration de taxes illégales et de rançonnement.
Dans le territoire de Mwenga, au Sud-Kivu, les habitants ont observé trois journées « ville morte » à partir du 18 août dernier pour protester contre les tracasseries et les barrières érigées par les FARDC et leurs alliés wazalendo. Des affrontements ont également éclaté récemment dans la ville de Kindu, en province du Maniema, provoquant la panique au sein des habitants.
Amnesty International exhorte la RDC et le Rwanda à ne plus fuir leurs responsabilités et à amener tous les auteurs présumés de crimes à répondre de leurs actes. « Il est temps que le président Tshisekedi fasse en sorte que les combattants wazalendo soient traduits en justice, et que les Forces rwandaises de défense présentes en RDC respectent le droit international », insiste Tigere Chagutah.
Gracieux Bazege