Sud kivu : Le panel des experts de la Société Civile constate des contradictions énormes dans les déclarations du Gouverneur dans l'affaire des chinois
La récente arrestation de trois ressortissants chinois en possession de 10 lingots d'or et de 800 000 dollars en espèces par le gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean Purusi Sadiki, a suscité une vive controverse. Ces individus étaient impliqués dans l'exploitation illicite des minerais, une pratique qui gangrène la région depuis des années.
Cette arrestation, survenue le 4 janvier, fait suite à celle de 13 autres Chinois pour des motifs similaires. Le panel des experts de la société civile a tenu une réunion le 6 janvier pour discuter de la situation actuelle au Sud-Kivu, notamment en ce qui concerne la traque, les arrestations, l'expulsion et la saisie des lingots d'or et de l'argent auprès des ressortissants chinois.
Lors de cette réunion tenue ce 7 janvier, le panel des experts de la société civile a relevé plusieurs irrégularités dans les procédures suivies par le gouverneur. Ils ont pris acte de la volonté manifeste de ce dernier de lutter contre l'exploitation illicite des minerais, mais ont également constaté le non-respect des procédures légales lors de ces opérations. Ils ont condamné avec énergie l'exposition des Chinois au risque de lynchage par la population, comme cela s'est produit dans le territoire de Mwenge.
Le panel a également regretté que le gouverneur s'arroge des attributions qui ne sont pas les siennes en matière de mines et de migrations. Ils ont noté la naissance de conflits entre différents services étatiques, tant au niveau national que provincial, au mépris des normes administratives.
Malgré ces critiques, le panel a félicité la Direction générale des migrations (DGM) pour avoir accompli sa mission d'expulser les Chinois en séjour irrégulier, conformément au décret-loi N°002/2003 du 11 janvier 2003 portant organisation et fonctionnement de la DGM en RDC. Cependant, ils se sont interrogés sur la destination de l'argent et de l'or saisis lors de la première vague d'arrestations et ont déploré les contradictions dans les déclarations concernant le montant et la quantité des lingots d'or saisis lors de la seconde vague.
Ce panel a également fait remarquer l'absence d'une bonne coordination entre les services du conseil provincial de sécurité pendant ces opérations et a exprimé sa crainte que ces attitudes populistes n'entraînent des incidents diplomatiques entre la RDC et la Chine, alors que la RDC a besoin d'investisseurs à capitaux frais.
Pour éviter de futurs incidents, le panel des experts de la société civile a formulé plusieurs recommandations au gouverneur du Sud-Kivu. Ils lui ont demandé de se réserver de mener une campagne de diabolisation des services étatiques et des personnalités proches de la présidence, des ministères et de la DGM. Ils ont également encouragé la DGM à poursuivre sans relâche sa mission en lien avec la police des étrangers, en ce qui concerne les étrangers en séjour irrégulier, comme ce fut le cas des 12 Chinois expulsés récemment de Bukavu.
Enfin, ils ont exhorté les étrangers, en particulier les Chinois, à se conformer aux lois en vigueur en RDC dans toutes leurs entreprises.
Cette affaire met en lumière les défis complexes auxquels est confrontée la province du Sud-Kivu dans sa lutte contre l'exploitation illégale des minerais et souligne la nécessité d'une gestion plus transparente et coordonnée des ressources naturelles pour éviter des tensions diplomatiques et assurer un développement durable de la région.
Rémy Mbuyi
