RDC : Les enseignants, des héros méconnus de l'histoire de l'éducation nationale
Dans les rues animées de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, où les klaxons des taxis-bus se mêlent aux rires des enfants jouant dans les ruelles poussiéreuses, se cache une réalité souvent ignorée : celle des enseignants.
Cet après-midi du 9 décembre 2024, l'équipe de rédaction de Newnarratifrdc.net a décidé de plonger au cœur de cette réalité pour comprendre comment les enseignants de Kinshasa vivent, surtout en cette période de festivités, à la fin du premier trimestre de l'année scolaire 2024-2025. Ces hommes et femmes, véritables piliers de l'éducation, mènent une vie de défis et de résilience, marquée par des conditions de travail difficiles et des salaires insuffisants.
Marie Mbonga, enseignante de mathématiques à l'institut Kilimani de Kintambo, commence sa journée bien avant l'aube. Chaque matin, elle traverse la ville en taxi-bus, serrée parmi d'autres passagers, pour rejoindre son école. À son arrivée, elle est accueillie par des salles de classe surpeuplées et mal équipées. Les murs, autrefois blancs, sont désormais ternis par le temps. Les pupitres, en bois usé, témoignent des années de service. « Nous faisons de notre mieux avec ce que nous avons, mais c'est loin d'être suffisant », confie-t-elle, un sourire fatigué aux lèvres.
Avec un salaire moyen d'environ 160 dollars par mois, Marie peine à joindre les deux bouts. Le coût de la vie à Kinshasa, notamment les loyers élevés et les frais de scolarité pour ses propres enfants, rend la situation encore plus difficile. « Il est presque impossible d'économiser ou de planifier pour l'avenir », explique-t-elle en rangeant ses cahiers. Chaque mois est une lutte pour équilibrer le budget familial, et chaque dépense imprévue est une source de stress.
Pour subvenir à ses besoins, Marie donne des cours particuliers après l'école. Ses soirées sont consacrées à aider des élèves en difficulté, dans l'espoir de gagner quelques dollars supplémentaires. « Nous devons être créatifs pour survivre », dit-elle. Mais cette créativité a un coût : moins de temps pour préparer ses cours et se reposer. Jean Maleka, un collègue professeur de sciences, a choisi une autre voie. Après les cours, il vend des fruits au marché local. « C'est épuisant, mais je n'ai pas le choix », avoue-t-il. Michel Amisi, enseignant à l'école primaire Lukunga 1, confie : « Après les cours, je prends ma moto, et j'effectue quelques courses de transport pour m'en sortir », avec un regard usé, dépouillé de toute force.
Pendant ce temps, les députés nationaux, les sénateurs, les ministres, et le président de la république gagnent des millions de dollars par mois, sans parler du fait qu'ils détournent également le peu qu'il reste dans le trésor public.
La situation des enseignants en RDC est un appel urgent à la solidarité et à la réforme. Les inégalités salariales et les conditions de travail précaires doivent être abordées pour garantir une éducation de qualité pour tous les enfants du pays. « Nous avons besoin de soutien, non seulement financier, mais aussi moral », affirme un groupe d'enseignants lors d'une réunion syndicale à Kinshasa. Leurs voix, souvent étouffées par le bruit de la ville, méritent d'être entendues.
Les enseignants de Kinshasa sont les héros méconnus de l'éducation en RDC. Leur dévouement et leur résilience face à des défis quotidiens témoignent de leur engagement envers l'avenir de leurs élèves et de leur pays. Il est temps de reconnaître leur contribution et de travailler ensemble pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Dans chaque salle de classe, derrière chaque tableau noir, se cache une histoire de courage et de détermination. Il est temps de raconter ces histoires et de rendre hommage à ces héros du quotidien.
Guyvenant Misenge
