RDC : Nouvelle Configuration Stratégique pour le secteur financier congolais

La série d'ordonnances présidentielles lues le mercredi 23 juillet 2025 sur les antennes de la RTNC n'est pas un simple remaniement technique, mais un signal fort et délibéré de la Présidence de la République Démocratique du Congo. Ces nominations à des postes clés du secteur financier – la Banque Centrale du Congo (BCC), la Caisse d'Épargne du Congo (CADECO SA) et le cabinet présidentiel lui-même – révèlent une volonté politique claire et stratégique de stabiliser, moderniser et redynamiser l'économie congolaise.

Stabilité et confiance à la Banque Centrale du Congo 

La nomination d'André Wameso Nkwaloki au poste de Gouverneur de la Banque Centrale du Congo est particulièrement emblématique de cette volonté présidentielle. En succédant à Malangu Kabedi Mbuyi, M. Wameso, qui était jusqu'alors un pilier au sein du cabinet présidentiel en charge des questions économiques et financières, apporte non seulement une connaissance intime des dossiers du Palais, mais aussi une solide expérience du secteur bancaire privé, notamment en matière de gestion des risques et d'audit.

Le message politique est limpide : la Présidence place la stabilité macroéconomique au sommet de ses priorités. Le choix d'un homme de confiance, ayant déjà fait ses preuves dans l'environnement complexe des finances présidentielles, vise à rassurer les marchés et les citoyens quant à la trajectoire du franc congolais. La mission d'André Wameso sera ardue : maîtriser l'inflation, consolider les réserves de change, et maintenir la bonne santé du système bancaire dans un contexte économique mondial incertain et des défis internes persistants. Cette nomination incarne la quête d'une plus grande prévisibilité et d'une confiance accrue dans la gestion monétaire du pays.

Revitalisation des institutions publiques : le pari CADECO

L'attention portée à la CADECO SA est une autre manifestation de cette volonté politique. L'institution, longtemps perçue comme un symbole des difficultés de gestion des entreprises publiques, se voit confier un duo de choc. La nomination de Célestin Mukeba Muntuabu comme Directeur Général et de Malangu Kabedi Mbuyi comme Présidente du Conseil d'Administration (PCA) est une véritable déclaration d'intention.

Célestin Mukeba, l'architecte du succès et de la croissance fulgurante d'Equity BCDC – une banque privée réputée pour son efficacité et son orientation client – est désormais chargé de sortir la CADECO du gouffre. Le fait de confier une institution publique à un homme ayant prouvé sa capacité à transformer et à moderniser une structure financière dans le secteur privé indique une volonté présidentielle de rompre avec les méthodes passées. L'objectif est clair : insuffler l'efficience, la transparence et la vision orientée vers le client qui ont fait la réputation de Mukeba, afin de rétablir la confiance des épargnants et de repositionner la CADECO comme un acteur clé de l'inclusion financière et du financement de l'économie locale.

La présence de Malangu Kabedi Mbuyi en tant que PCA est tout aussi stratégique. Son expérience à la tête de la BCC, où elle a œuvré pour la stabilité macroéconomique et le renforcement des réserves de change, ainsi que son parcours international à la Banque Mondiale, apportent une expertise en gouvernance et une vision stratégique globale. La complémentarité de ce duo – l'opérateur chevronné et la stratège confirmée – à la tête d'une institution publique souligne l'engagement présidentiel à doter la CADECO de la meilleure expertise disponible pour sa réhabilitation et son développement.

L'Expertise au service du Palais

Enfin, la promotion du Dr André Nyembwe Musungaie au poste de Directeur de Cabinet Adjoint chargé des questions économiques et financières du Président vient consolider le pôle économique de la Présidence. Économiste renommé, professeur d'université et déjà conseiller principal, le Dr Nyembwe Musungaie incarne la volonté d'appuyer les décisions présidentielles sur une expertise académique et une analyse approfondie des défis économiques complexes.
Ce choix renforce la capacité du Chef de l'État à impulser et à coordonner les politiques économiques, s'assurant que les grandes orientations sont basées sur des analyses rigoureuses et des stratégies bien définies. Sa présence au cœur du pouvoir exécutif garantit une synergie entre la vision présidentielle et sa mise en œuvre par les différentes institutions financières et économiques du pays.

Vers une gouvernance économique efficace 

Ces nominations simultanées dessinent un paysage où la Présidence de la RDC entend exercer une influence directe et stratégique sur le secteur financier. En plaçant des figures d'expérience et de confiance à des postes névralgiques, la volonté politique est d'aller au-delà des ajustements conjoncturels pour s'engager dans une transformation structurelle. L'objectif est de bâtir une économie plus stable, plus inclusive et plus résiliente, capable de répondre aux attentes de développement et de prospérité pour tous les Congolais. Le succès de cette ambitieuse feuille de route dépendra désormais de la capacité de ces nouvelles équipes à traduire cette volonté politique en résultats tangibles sur le terrain.

Guyvanant Misenge