REVUE DE PRESSE DU 24 juillet 2025 

RDC – M23 : Ce que contient l’accord de Doha et pourquoi sa mise en œuvre inquiète déjà

Six jours après la signature à Doha d’un accord de principes entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23/AFC, plusieurs signaux alarmants jettent déjà le doute sur la sincérité des engagements. Cette revue de presse fait le point sur le contenu de l’accord, les réactions des parties et les premières difficultés constatées.

*_Un accord historique… mais fragile_*

La déclaration de principes signée le 19 juillet 2025 à Doha (Qatar), en présence de diplomates qatariens et américains, vise à ouvrir la voie à un accord de paix global pour mettre fin à la guerre dans l’Est de la RDC. Selon Actualite.cd, l’accord prévoit :

• Un cessez-le-feu permanent et immédiat, sur tous les fronts (terre, air, lacs) ;
• L’interdiction de la propagande haineuse, notamment sur les réseaux sociaux
• L’instauration d’un mécanisme de vérification sous supervision de la MONUSCO ;
• La libération de détenus politiques par le biais du CICR ;
• Le retour des déplacés et réfugiés, coordonné avec le HCR ;
• La restauration progressive de l’autorité de l’État congolais dans les zones sous contrôle rebelle.

Un calendrier strict a également été fixé :

- Mise en œuvre du cessez-le-feu avant le 29 juillet ;
- Début des négociations directes dès le 8 août ;
- Signature d’un accord final au plus tard le 18 août 2025.

Côté congolais, le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a salué un accord qui « respecte les lignes rouges » fixées par Kinshasa, notamment le retrait du M23 des zones occupées. Selon l’ACP, le gouvernement reste attaché à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale.

Selon Actualité.cd, Les États-Unis, par la voix du département d’État, ont exprimé leur satisfaction et appelé à « une application complète et sincère des engagements », saluant le rôle du Qatar dans cette médiation.

Par ailleurs, dépêche.cd rapporte que la MONUSCO, de son côté, considère cette déclaration comme « un pas essentiel vers une paix durable », mais insiste sur l’urgence de son exécution sur le terrain.

_*Le M23 temporise : « Aucun retrait militaire »*_

Dans une déclaration rapportée par Le Point Afrique (source), Benjamin Mbonimpa, porte-parole du M23, précise :

« Nous avons signé un accord de principes, mais cela ne signifie en aucun cas un retrait militaire. Nous ne reculerons pas d’un mètre. »

Une affirmation qui contredit directement la lecture qu’en fait le gouvernement congolais et qui jette un flou sur l’application du cessez-le-feu.

Selon Journaldekinshasa.com, à peine trois jours après la signature de l’accord, le M23 a repris les localités de Luke et Katobotobo, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu). Un acte perçu comme une violation manifeste du cessez-le-feu.

Dans la même veine, des combats ont été signalés dans la province voisine du Sud-Kivu, opposant les Wazalendo au M23, comme le rapporte le journal turc, Yeni Şafak.

Plusieurs voix se lèvent pour appeler à la prudence. Le parti politique Nouvel Élan, dirigé par Adolphe Muzito, salue l’accord tout en mettant en garde contre « un optimisme naïf » si aucune mesure concrète n’est prise, Actualite.cd.

De son côté, le Cadre de concertation des forces politiques et sociales juge que l’accord manque de clarté sur des points essentiels comme la sécurité des populations civiles ou la justice transitionnelle, Rapporte Actualite.cd.

_*Une paix en sursis ?*_

Pour de nombreux observateurs, comme le politologue Martin Ziakwau, interviewé par CongoQuotidien.com, cet accord reste « diplomatiquement séduisant mais politiquement fragile », car les véritables causes du conflit, foncier, identité, relations transfrontalières restent ignorées.

L’accord de Doha est sans conteste une avancée diplomatique majeure dans un conflit qui a déjà déplacé plus de 2 millions de personnes. Mais les actes récents sur le terrain, les interprétations divergentes du texte, et l’absence d’un garant ferme du processus soulèvent de sérieuses inquiétudes.

Les semaines à venir seront cruciales pour évaluer si la paix est possible, ou si cet accord restera une opération cosmétique de plus dans une guerre aux racines profondes.

Gracieux Bazege