Bunia : la MONUSCO forme les membres de la Cellule Technique Mixte de la Masculinité Positive pour lutter contre les violences sexuelles et basées sur le genre en Ituri

La MONUSCO, à travers sa Section du Genre, a clôturé ce jeudi une formation de trois jours à l’intention des membres de la Cellule Technique Mixte de la Masculinité Positive (CTM+) en Ituri. L’initiative visait à renforcer les capacités locales dans la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG), en mettant un accent particulier sur la promotion de la masculinité positive.

Parmi les 17 participants, Evodie Madhira témoigne de son engagement à faire évoluer les mentalités dans sa communauté :

« Dans notre société, beaucoup de victimes ne dénoncent pas. Certaines femmes disent que si leur mari les frappe, c’est normal, car il est le chef de la famille. D’autres vont jusqu’à penser qu’il faut subir des violences pour prouver l’amour. C’est un raisonnement erroné. Dès aujourd’hui, je vais m’efforcer de démontrer à mes proches que ces actes sont des violences qu’il ne faut jamais tolérer. »

_Un contenu axé sur le Genre et la masculinité positive_

Durant ces trois jours, les participants, issus de divers horizons tels que l’enseignement, le droit ou encore les associations féminines ont été formés sur plusieurs thématiques : la notion de Genre, la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits des femmes, ainsi que la masculinité positive.

Alain Rubenga, de la Section Genre de la MONUSCO à Bunia, explique :

« La masculinité positive, c’est l’attitude d’un homme respectueux des droits des femmes et des filles. C’est, par exemple, un mari qui partage les responsabilités domestiques, qui parle ouvertement de son salaire avec sa femme, et qui éduque ses enfants dans l’égalité. Il ne s’agit pas seulement de soutenir, mais aussi d’incarner ce changement. »

La République démocratique du Congo demeure confrontée à des niveaux alarmants de violences sexuelles, particulièrement dans les provinces en proie aux conflits armés comme l’Ituri. Ces violences, souvent utilisées comme arme de guerre, laissent des cicatrices physiques et psychologiques durables sur les survivantes. Malgré les efforts des autorités, de la MONUSCO et des ONG, les défis sont nombreux : impunité persistante, stigmatisation des victimes, manque d’accès à la justice et insuffisance de l’accompagnement psychosocial.

Face à cette situation, la MONUSCO entend contribuer au renforcement des capacités locales, en misant sur une approche inclusive et communautaire, qui engage autant les femmes que les hommes.

Créée au niveau national en août 2022 et rendue opérationnelle en janvier 2025 dans la province de l’Ituri, la Cellule Technique Mixte de la Masculinité Positive (CTM+) est un dispositif étatique chargé de mettre en œuvre la politique gouvernementale en matière de Genre et de masculinité positive.

Ses interventions portent notamment sur :

• La sensibilisation au sein des communautés ;
• L’accompagnement des couples confrontés à des situations de violences ou de déséquilibre ;
• L’identification des foyers à risque, où certains comportements masculins fragilisent les femmes.

À l’issue de la formation, les participants se sont engagés à devenir de véritables ambassadeurs de la masculinité positive dans leurs milieux respectifs.

Fabien Kasereka Kayembaku, expert de la CTM+/Ituri, s’est exprimé avec conviction :

« Cette formation nous a permis d’adopter de nouvelles stratégies pour sensibiliser nos communautés. La masculinité positive commence par nous-mêmes. Moi, par exemple, j’ai compris que ma femme n’est pas uniquement destinée à garder les enfants. Elle peut contribuer à notre foyer. Je vais désormais l’aider dans les tâches ménagères, piler le pondu, laver les enfants… C’est ainsi que nous instaurerons l’égalité dans nos familles et réduirons les violences sexuelles et basées sur le genre. »

Juvenal Bulemo