Crise sécuritaire dans l’Est de la RDC : l’Angola relance les efforts diplomatiques malgré le boycott du Rwanda
Dans une nouvelle tentative de désamorcer la crise sécuritaire qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), le ministre angolais des Affaires étrangères, Téte António, a rencontré le président rwandais Paul Kagame ce mercredi 18 décembre à Kigali. Cette visite intervient dans un contexte de tensions exacerbées entre Kinshasa et Kigali, marquées par des accusations persistantes concernant le soutien du Rwanda au groupe rebelle M23.
Cette initiative de médiation, menée sous l’égide du président angolais João Lourenço, vise à ramener le Rwanda à la table des négociations après le boycott du mini-sommet de Luanda le week-end dernier. Alors que l’on espérait une avancée décisive, le président congolais Félix Tshisekedi s’est retrouvé seul en présence de son homologue angolais, sans la participation attendue de Kigali. Ce désistement a jeté un froid sur les espoirs de résolution immédiate et a alimenté les doutes quant à l’engagement du Rwanda envers une solution pacifique.
Ce refus de participer a été perçu comme un revers pour les efforts diplomatiques, malgré la détermination affichée par l’Angola à poursuivre le dialogue. En multipliant les initiatives, l’Angola semble vouloir maintenir la pression et éviter un enlisement du processus de paix.
*Une situation humanitaire alarmante*
Depuis la résurgence du M23 en 2021, après plusieurs années d’accalmie, l’Est de la RDC s’enfonce dans une crise humanitaire de grande ampleur. Les combats violents ont contraint des milliers de civils à l’exil et paralysent les initiatives de développement dans des territoires tels que Walikale et Lubero. La persistance des affrontements aggrave la situation sécuritaire déjà précaire, mettant en péril les populations locales et fragilisant davantage les relations régionales.
La médiation angolaise repose sur une équation complexe, nécessitant des concessions de part et d’autre. Du côté congolais, les autorités exigent des garanties fermes sur le retrait des combattants du M23 des zones occupées. En revanche, le Rwanda conditionne son engagement au dialogue à une reconnaissance de ses préoccupations sécuritaires liées aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé basé en RDC. Par ailleurs, Kigali insiste sur une négociation directe avec le M23, qualifié de mouvement terroriste par Kinshasa.
*Une diplomatie sous tension*
La visite de Téte António à Kigali témoigne de l’engagement de l’Angola à rechercher une issue diplomatique. Toutefois, la réussite de cette médiation dépend largement de la volonté des deux parties de faire des compromis. Sans une réelle coopération, les efforts de l’Angola risquent de se heurter aux mêmes obstacles qui ont déjà paralysé les précédentes tentatives de paix.
Le contexte demeure tendu, et la communauté internationale suit de près cette énième tentative de dialogue, consciente que la stabilité de la région est en jeu. À l’heure actuelle, il reste à voir si Kigali et Kinshasa parviendront à trouver un terrain d’entente pour mettre fin à une crise qui continue de semer le chaos dans le Nord-Kivu et au-delà.
Gracieux Bazege depuis Goma