Est de la RDC : entre massacres et déploiement de missiles, la tension franchit un nouveau cap

Un parfum d’escalade militaire flotte dans l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis le dimanche 21 septembre, plusieurs sources locales et politiques accusent l’armée rwandaise d’avoir installé des missiles sol-air sur la colline stratégique de Katale, en territoire de Masisi. L’alerte a été relayée par le député national Prince Willy Mishiki, figure des Volontaires de défense de la patrie (VDP), qui y voit une provocation directe contre les Forces armées congolaises (FARDC). Ces engins, selon lui, viseraient à neutraliser les drones militaires congolais et à menacer tout aéronef opérant dans la zone.
Ce signal militaire s’ajoute à un climat déjà assombri par un massacre perpétré dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 septembre dans le territoire de Walikale. Au moins 25 civils, dont des femmes et des enfants, ont été exécutés par la coalition rebelle AFC/M23, que Kinshasa qualifie de supplétif du Rwanda. Des témoignages évoquent des viols collectifs avant exécution, une brutalité dénoncée avec force par Prince Willy Mishiki.
Pour le leader des VDP, cette double menace, massacres sanglants et missiles rwandais rendent caduques les discussions entamées à Doha entre le gouvernement congolais et les groupes armés. Il appelle à une rupture claire avec ce processus de dialogue qu’il juge désormais « inutile face à l’acharnement des agresseurs », exhortant l’exécutif à privilégier une réponse militaire.
Du côté des FARDC, la ligne se durcit également. Le porte-parole de la 3ᵉ zone de défense, le major Nestor Mavudisa Kamba Mayoyo, a dénoncé une série d’attaques coordonnées menées entre le 17 et le 19 septembre dans plusieurs localités du Nord et Sud-Kivu. Il prévient que toute nouvelle agression déclenchera une riposte ferme, tout en mettant les médiateurs américains et qataris devant leurs responsabilités.
Le gouvernement, par la voix du ministre de la Défense Guy Kabombo, a réaffirmé la vigilance et la détermination des forces armées à défendre l’intégrité territoriale. Le général Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, a de son côté lancé un appel aux soldats congolais enrôlés dans les rangs rebelles : « Rejoignez vos frères d’armes et combattez l’ennemi commun. »
Entre signaux de guerre, appels à la rupture du dialogue et menaces de représailles militaires, l’Est de la RDC s’installe dans une zone de turbulences où chaque incident pourrait rallumer l’étincelle d’un affrontement régional.
Rédaction