Gestion de ressources naturelles : Le Sénateur Bamanisa déplore une "Polyararchie" préjudiciable aux intérêts Congolais

Dans un réquisitoire politique qui soulève des questions fondamentales sur la gouvernance économique de la République démocratique du Congo, le sénateur Jean Bamanisa a publiquement exprimé, ce lundi 7 avril, une vive critique à l'égard de la gestion actuelle des ressources naturelles et des négociations contractuelles orchestrées par la présidence Félix Tshisekedi. Loin de se cantonner à une simple observation, l'ancien gouverneur de l'Ituri a dénoncé une "multiplicité d'approches et d'intervenants" qu'il juge contreproductive et potentiellement dommageable aux intérêts nationaux.
Ce tir de barrage intervient dans un contexte post-suspension des contrats liant la RDC à des firmes de lobbying américaines, une décision initialement perçue comme un gage de rupture avec des pratiques controversées. Pourtant, selon le sénateur Bamanisa, cette rupture n'a pas engendré la clarté et l'efficacité escomptées. Au contraire, il déplore une forme de "polyararchie" décisionnelle où une pléthore d'acteurs, aux motivations et aux expertises potentiellement disparates, s'immiscent dans des dossiers d'une importance capitale pour l'avenir économique du pays.
Pour cet acteur politique de premier plan, l'heure n'est plus aux tâtonnements ni aux initiatives dispersées. « Il faut changer de paradigme », a-t-il martelé, estimant que la dispersion des efforts actuels ne produit pas les résultats escomptés en termes d'efficience et de bénéfices concrets pour la RDC. Fort de son expérience à la tête d'une province riche en ressources, Bamanisa plaide pour une approche plus structurée et stratégique. Il considère que le moment est propice pour que la RDC s'engage dans un dialogue de fond avec les puissances mondiales et les entreprises détenant un savoir-faire technique pointu.
Sa proposition est claire : constituer des équipes de négociation de haut niveau, mariant l'expertise congolaise à celle de négociateurs internationaux chevronnés, avec pour unique boussole la défense des intérêts supérieurs de la nation. « Ces dernières [les grandes puissances et entreprises] doivent se préparer, avec la perspective de négocier des contrats portant sur nos ressources naturelles au profit direct des secteurs vitaux de notre vie nationale », a-t-il précisé dans son communiqué. Il a ensuite énuméré des domaines prioritaires tels que la sécurité, les infrastructures, l'éducation, la santé, l'administration, les voiries et les réseaux de drainage urbains, soulignant que l'arrimage des intérêts des partenaires étrangers à ces priorités nationales est une condition sine qua non pour des accords véritablement équilibrés et bénéfiques à la RDC.
La sortie de cet ancien gouverneur de l’Iturie, ouvre un débat crucial sur la méthode et la transparence qui devraient encadrer la gestion des immenses richesses naturelles du pays. Son plaidoyer pour une approche plus centralisée, experte et résolument axée sur l'intérêt national résonne comme un appel à une véritable souveraineté économique, loin des influences diffuses et des bénéfices potentiellement dilués. Reste à voir si ce cri d'alarme trouvera un écho favorable au sein des instances décisionnelles du pays.
Rémy Mbuyi